La ridicule affaire française du burkini plus grave que la guerre avec Daesh

Philippe Brindet - 26 août 2016

La décision du Conseil d'Etat vient de tomber : l'arrêté du maire de Villeneuve-Loubet interdisant le port du burkini sur les plages françaises a été suspendu. Les attendus de la décision sont extrêmement rudes pour les maires ayant pris de tels arrêtés.Il s réclament maintenant une loi interdisant spécialement le burkini.

L'affaire du Burkini

Le Burkini est un costume féminin de bain proposé à la vente aux musulmanes. Ce costume, comme la burqâ, couvre entièrement le corps avec une cagoule. Son nom, qui est une marque commerciale, est d'ailleurs la contraction de "burqâ" et de "bikini". Ce costume de bain découvre seulement la face, les deux mains et les deux pieds. Il a été crée il y a une dizaine d'années par une australienne d'origine libanaise. Elle aurait ( source : TF1) écoulé plus de 500.000 burkinis en 12 ans.

En pratique, le Burkini est une tenue identifiant de loin les femmes musulmanes. Pour elles, il assure le respect de la charia qui leur impose de marquer leur soumission aux hommes, qui eux, peuvent utiliser le maillot de bain connu des occidentaux. A la différence, la séduction ahurissante du bikini paraît aux hommes musulmans comme un grave désordre parce que la femme portant le bikini prend l'initiative de la domination de l'homme en le plaçant en situation de désir sexuel.

C'est actuellement ce que les responsables religieux au Maroc prêchent quand ils vitupèrent contre le bikini, très répandu sur les plages marocaines. Dans Le Monde, on apprend que :

Omar Al-Kzabri, responsable religieux populaire dans le pays, et imam de la grande mosquée Hassan II de Casablanca, a lancé le 14 août sur sa page Facebook une charge contre la « nudité obscène » de certaines femmes dans son pays.

Le burkini serait apparu en France depuis peu d'années. C'est en 2016, avec la vague d'attentats islamistes, que la réaction populaire au burkini se développe vraiment en France. Poussés par les électeurs des milieux populaires, les maires de plusieurs communes du littoral ont pris des arrêtés interdisant le port du burkini au motif qu'il exprimait une adhésion à l'islam radical tenu pour responsable des attentats. La réponse des musulmans "modérés" à ces vaticinations contre l'islam radical permet, en soutenant la diffusion du burkini, de montrer aux infidèles que la France est devenue une terre d'islam où ces infidèles sont encore seulement tolérés.

La maison de l'islam est tout terrtitore dans lequel le musulman peut pratiquer sa religion. Aussi, la multiplication des signes d'appartenance à l'islam dans l'espace public français, islamise de facto la société française. Le spectacle de quelques femmes revêtues du burkini sur une plage assure la représentation de l'islam aux yeux des infidèles qui se pressent sur cette plage. L'avantage du burkini sur l'islamisation d'un territoire est donc énorme. Et les musulmans modérés ne s'y sont pas trompés.

Contre cette assertion, on peut noter que la diffusion du burkini n'est probablement pas aussi importante qu'on veut bien le croire. Il y a de 2,5 à 3,5 millions de musulmanes. De réputation publique, le nombre de femmes revêtant le burkini est très faible. C'est l'une des raisons de l'incompréhension que démontrent beaucoup d'intervenants étrangers, américains et britanniques notamment. De plus, on a noté en France que le communautarisme est rejeté par la classe politique française alors qu'il est à la base des sociétés américaine et britannique.

La réaction populaire semble par contre très virulente. Elle explique et provoque la prise des arrêtés municipaux censurés par le Conseil d'Etat. Et cette réaction populaire est particulièrement importante. Elle survient en période pré-électorale et des candidats comme Juppé ou Sarkozy l'ont bien compris. Elle survient alors que le discours politique et médiatique depuis trente ans tente d'"interdire l'amalgame" entre l'islam modéré et l'intégrisme, "déclare la guerre à l'Etat islamique". Mais, dans les couches populaires, le "truc" de Daesh ne marche pas. Le Proche-Orient est trop loin.

Par contre, la montée de la démographie musulmane, sa part prise dans les exactions sociales, les désordres inqualifiables auquels se livrent souvent les populations musulmanes dans leurs territoires ancestraux, tout cela inquiète profondément les couches populaires tout autant que cela indiffère la caste possédante.

Les réactions publiques aux arrêtés d'interdiction

Elles sont très révélatrices du grand malaise qui agite la société française.

Les musulmans modérés, représentés par les responsables de l'institution instaurée par le ministère de l'intérieur, d'abord Sarkozy, puis sous Hollande, sont vent-debout contre ces arrêtés. Ils leur reprochent ce que les couches populaires reprochent au mouvement du burkini : "stigmatiser l'islam".

Le terme est évidemment faux. Mais il révèle toutes les manoeuvres politiques qui se déroulent derrière le brouillard des mots et de l'idéologie. La stigmatisation dénoncée par les musulmans modérés comme Kbibeche est une opération qui, en général, provoque une discrimination punie par la loi.

Mais, les tenants de l'interdiction du burkini estiment que cette interdiction vise à empêcher justement la stigmatisation de la femme prise en otage dans une approche religieuse de soumission à l'homme ou aux moeurs régies par les hommes. Ce sont donc à mots à peine couverts, un combat de "stigmatisations" opposant les "musulmans" aux "femmes". Il est bien entendu sans espoir pour les classes populaires, parce que les musulmans modérés révèlent en réalité leur liaison naturelle avec l'islam radical que les classes populaires espéraient stigmatiser. Le CFCM et ses soutiens dont dont nous allons reparler en s'engageant contre les arrêtés d'interdiction défendent l'islam radical, intégriste et surtout conqu&érant l'espace public en imposant des signes visibles immédiatement associés à l'islam dans l'esprit de tous.

Kbibèche a été très clair. Par un mouvement tournant du discours, il a affirmé que ce qui avait tué à Nice ce n'était pas le burkini, faisant ainsi opposition entre un terroriste qu'il laisse à la discrétion du pouvoir républicain et un islam qu'il promeut et qui se diffuse à coup de burkinis. La manoeuvre est hardie.

Il faut noter que deux castes de non-musulmans se sont précipités au secours de l'islam "modéré" :

  1. une fraction antilibérale de la gauche de gouvernement, comprenant des gens comme Vallaud-Belkacem et bien d'autres qui attendent la chute de la maison Hollande pour sortir du bois ;
  2. la frange de progressistes qui s'enthousiasme sur tout ce qui est différent du présent et - plus que tout - sur tout ce qui pourrait "contrarier" les conservateurs.
L'arrière-pensée est bien entendu électorale. Dans leur immense majorité, les musulmans ont voté pour le candidat socialiste en 2012. Sarkozy, après les avoir courtisé au delà du raisonnable, a choisi une politique de réduction de l'islamisation qui plaira aux couches populaires dont s'est privée la gauche bourgeoise. Les candidats de gauche ont donc un besoin frénétique du vote islamique pour espérer l'emporter en 2017 et après.

L'idéologie de la laïcité et le burkini

Mais il existe une autre motivation que les républicains appellent - qu'ils soient de droite ou de gauche, progressistes ou conservateurs - "le principe de laïcité". Deux conceptions innomées s'affrontent. La première conception de la laïcité estime que toutes les religions se valent et qu'elles ne valent rien dans l'espace public. La seconde conception de la laïcité refuse de s'exprimer ou elle s'exprime à l'aide de clichés ou des expressions de la première conception. Mais, en réalité, ses tenants considèrent que la laïcité a été la stratégie centenaire, initiée avec la révolution de 1830, renforcée en 1848, et mise en oeuvre ensuite par le marxisme-léninisme qui s'était imposé au XX° siècle comme le dépositaire de 1789. Non que 1789 soit radicalement laïc. Mais, il est indéniable que la Révolution française a fait croître la laïcité à cette époque jusqu'à éliminer socialement et physiquement les prêtres et les moines. C'est l'héritage naturel de cette élimination des catholiques que la seconde conception de la laïcité met en pratique.

Du coup, cette laïcité se découvre une alliance naturelle avec l'islam pour qui le christianisme, bien plus que le judaïsme, est une horreur absolue. Adorant Jésus fils de Marie, les chrétiens sont accusés par l'islam de pratiquer l'associationisme entre une créature et Dieu. Or, cette accusation d'"associationisme" est passée sous silence dans la société occidentale qui renie ses sources chrétiennes alors que cette accusation est au centre des relations entre l'islam et le christianisme.

Et la seconde conception de la laïcité se découvre de fait des complicités antichrétiennes avec l'islam. Dans l'affaire du "burkini", les laïcistes progressistes ne voient aucun signe religieux et un simple "costume de bain" que chacun est libre de porter ou non, parce que "nous sommes dans un pays libre", semblent-ils estimer. C'est à peu près les termes de l'ordonnance du Conseil d'Etat rendu pour interdire l'arrêté du maire de Villeneuve-Loubet qui prétendait interdire le burkini. Et c'est exactement la revendication de l'islam "modéré" qui, avec le "burkini", gagne ici un signe religieux, qualifié de simple "costume de bain" par les "meilleurs" experts de la laïcité ... Or, ce costume, qu'il soit de bain ou non, est clairement et exclusivement porté par des musulmanes. Mais, les laïcistes sachant que l'islam - sunnite notamment - n'ayant pas de clergé régulateur, aucune "autorité religieuse" n'a proféré un arrêt obligeant au port du "burkini". Ces laïcistes en déduisent que les citoyens français, qui se trouvent "clandestinement" de religion musulmane, "décident librement" de leur manière de vivre comme tous les citoyens. Et "exit" l'atteinte à la "laïcité".

Si d'aventure le clergé catholique se prenait la fantaisie d'obliger les femmes au port de la soutane à la place ... - allons, disons ... - du monokini, il serait immédiatement vilipendé par les laïcistes. Que l'on se rassure, il n'y songe pas. Mais à quoi songe t'il de nos jours d'ailleurs ?

Or, les couches populaires estiment souvent que, en islam, "tout est religieux". Aussi, les "braves gens" sont ils furieux contre les laïcistes qui soutiennent les musulmans dans l'affaire du burkini, les accusant de faire "deux poids, deux mesures", à nouveau au détriment du christianisme. On a vu les raisons des laïcistes. On verra comment les classes populaires réagiront.

Les points de vue exprimés à l'étranger

Clairement, les américains et les britanniques qui acceptent à peu près tous les signes d'appartenance religieuse, ethnique ou communautaire, sont absolument enragés contre ce qu'ils tiennent pour des atteintes à la liberté individuelle. Leur pression a été si forte que le Conseil d'Etat a immédiatement rendu un verdict conforme aux moeurs américaines. Je ne serais pas offusqué d'une telle chose;

En effet, le particularisme français - ses duex conceptions de la laïcité - est clairement en atteinte aux droits de l'homme. Et pas seulement dans l'affaire du "burkini".

La "pax americana", qui ressemble fichtrement à une guerre perpétuelle ou à ses conséquences, exige que le particularisme fançais soit éliminé. Les forces "progressistes" et l'islam "modéré", largement manipulés par les agences américaines, ne font jamais que jouer avec les oukazes de leurs maîtres.

Le tournant de l'affaire du burkini

Il ne faut pas se leurrer. Une partie des politiciens de gauche ont été pris à contre-pied. C'ets le cas de Valls qui se trouve aujourd'hui dans l'embarras pour avoir soutenu les arrêtés d'interdiction du burkini. De quoi diable se mêlait-il ? Espérait-il agiter un chiffon rouge pour détourner l'attention publique vers une affaire misérable ? Toujurs est-il qu'il s'est trouvé au mauvais moment au mauvais endroit. Et quel endroit ? La même chambre qu eSarkozy et le Front National ! .... C'est loin d'être agréable pour un "homme de gauche".

Or, dans ce genre de situation, le politicien sait qu'il risque la "néantisation" pour crime de "collusion avec la droite". Il n'a pas d'autre solution que de prendre des mesures pour se situer plus à gauche que ceux qui l'attaquent. Valls devra se soumettre à cette loi politique ou disparaître. Pour ce seul fait, l'affaire du burkini constitue donc un tournant.

L'attitude de la droite - Sarkozy et Philippot, notamment - a été sensiblement identique à celle de Valls. Le démenti que leur inflige le conseil d'Etat les pousse à envisager une loi posant l'interdiction du burkini. Mais, une fois de plus, il s'agira d'une loi "coup de poing sur la table", et seulement "sur la table". Un peu comme le Karcher d'un certain Sarkozy, quand la marque à laquelle il faut répondre est "kalaschnikov" ... Tant qu'ils n'auront pas compris le processus d'islamisation, ils seront incapables de répondre à la colère des couches populaires pas encore converties à l'islam. Après ....

En pratique, le seul espoir de la société française repose dans la communautarisation organisée par l'Etat. Il faudrait entendre par là que l'Etat respecte les communautés et les contraignent à se respecter entre elles. Or, aujourd'hui, les dogmes de l'assimilation et de l'intégration, qui sont en pleine faillite, ne sont plus soutenus par les forces progressistes ni par l'Etat qui règne sur le monde occidental : les Etats-Unis. Il n'y a plus grand chose à faire que d'organiser correctement la comunautarisation de la société française.

Si l'Etat n'organise pas l'installation du coumunautarisme, le désordre le verra s'installer sous l'influence du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et de la Turquie.

L'étape d'après, sera de toute façon le désordre qui permettra à l'islam d'emporter le pouvoir politique. Et d'instituer en France ce que les américains sont parvenus à instaurer en Syrie, en Afghanistan, en Irak, au Yemen, en Tunisie, ....


Revue THOMAS
(c) 2016