L'enseignement de l'arabe en France

Philippe Brindet - 28 mai 2016

Selon quelques articles de presse, la misistre de l'éducation nationale soutient le développement de la langue arabe dans le système éducatif français. Elle se confronte à l'opinion divergente de quelques personnalités comme la député Annie Genevard.

Musulmane française, d'origine marocaine et disposant de cette double nationalité, Mme Belkacem dispose d'un pouvoir immense pour faire franchir à l'islam plusieurs pas de géant dans son emprise sur la société française, pour autant que cette entité ait encore un sens.

Quel est l'importance de l'apprentissage de la langue arabe en France ?

Si la question est d'évaluer la qualité de cet enseignement actuellement, nous n'avons aucune information à ce sujet. Mais il semble suffisamment dévalué pour que la ministre estime de son devoir de s'y pencher et de prendre des mesures tendant à accroître - si il existe - l'enseignement de l'arabe en France.

Par contre, si la question est de savoir à quoi pourrait servir un tel accroissement de cet enseignement, il faut souligner deux choses :
  1. L'arabe est la langue du Coran :

    Or, la lecture du Coran en arabe est une règle religieuse essentielle de la pratique de l'islam. La connaissance de l'arabe est donc une condition préalable à la pratique même élémentaire de l'islam. La lecture du Coran dans une autre langue n'est absolument pas autorisée. Il est donc clair que l'extension de l'enseignement de l'arabe dans la société française est une mesure essentielle de prosélytisme qui paraît aux yeux de ses promoteurs pourtant comme respectant la laïcité, tandis que pour leurs détracteurs, il s'agit d'une atteinte à la laïcité.


  2. L'arabe est la langue de culture d'une civilisation contemporaine qui rassemble 28 Etats musulmans comme la Turquie ou l'Arabie

    Développer cette langue signifie très clairement que la France pourrait rejoindre cette civilisation au moins de manière marginale. Plus probablement, une fraction de français sera informée et enseignée par une civilisation qui se conçoit comme adversaire de la notre. Très simplement, l'Etat français ne disposera pas des moyens de contrôler les informations qu'échangeront les locuteurs arabes sur son sol avec des membres d'autres Etats ou organisations musulmanes. Or, alors même que la connaissance de l'arabe est très peu répandue actuellement - ce qui motive les menées de Mme Belkacen - l'augmentation du nombre des individus capables d'échanger en cette langue les fera échapper largement au contrôle de l'Etat.

Certains journalistes, comme ceux du journal Le Monde, sont très favorables à cette mesure. Il s'agit du tropisme habituel chez les "gens de gauche" qui consiste à soutenir tout ce qui pourrait porter atteinte à l'identité dans laquelle ils évoluent. Ils assignent à cette atteinte le but de dissoudre cette identité dans un individualisme progressiste qui laisse l'individu sans le moyen structurant de l'identité.

L'un de ces journalistes évoque même des directives européistes :

Les ELCO, créés par une directive européenne de 1977, favorisent la réussite scolaire des enfants de migrants en structurant et valorisant leur langue maternelle.
Or, de nombreuses menées européistes se sont dès l'origine illustrées dans le but de dissoudre les identités des populations existant sur le territoire de l'Union européiste, comme la suppression des frontières,

Toujours est-il que l'arabe est la langue identitaire de 5 à 9 millions de français. Ignorer cette langue revient à abandonner son enseignement et sa diffusion à des organisations privées sans aucun contrôle de l'Etat. Et ce constat sert d'argument central aux militants de l'enseignement de l'arabe comme langue étrangère dans le système éducatif français. C'est ainsi que le voit un journaliste :

C’est donc plutôt l’absence d’enseignement de l’arabe par l’Etat qui engendre un risque de communautarisme.

On remarque qu'une telle motivation ne permet pas de rendre différent une mesure technique d'enseignement d'une mesure communautariste, d'autant que les tenants de cette mesure technique admettent qu'il n'y a pas d'enseignant d'arabe. Il faudra donc les faire venir du monde arabe. Et l'instauration d'un CAPES ou d'une agrégation d'arabe fortement fréquentée ne transformera pas ces enseignants en militants de la laïcité. C'est certainement - et ses tenants n'ont pas démontré le contraire - une voie géante de constitution d'une France islamique.

Maintenant, la présence de 5 à 8 millions de musulmans - les chiffres diffèrent selon les sources - jointe à l'absence de mesures tendant à leur intégration obligatoire laïque et française dénote tout simplement que cette communauté musulmane existe. Et ce n'est pas l'absence de profs certifiés d'arabe qui y change quoique ce soit.

Peu à peu, les politiciens français - et plus généralement occidentaux - parviennent aux limites de leur idéologie intégrante. Dès le début, la réalité a démontré que la laïcité n'était pas parvenue à dissoudre l'islam. Au contraire, la revendication de langue arabe exprime cette volonté de conserver une culture musulmane qui se dresse contre le modèle idéologique de la laïcité républicaine à la fois avec ruse dans un islam de la république et avec férocité par le terrorisme. Cette laïcité républicaine qui avait été si forte contre l'identité chrétienne, a complètement échoué face à l'islam. Cet islam si parfaitement misicible avec la République qu'il se trouve maintenant au coeur de ses institutions. L'islam peut aujourd'hui décider librement des moyens de sa prise de contrôle de l'identité française.

Nous estimons qu'il n'y a nulle révolte à envisager. Le mouvement ne provient pas de décisions politiques contestables. Il vient d'une logique interne à l'Histoire récente de dissolution des identités occidentales dans une globalisation trompeuse qui a fait régner le vide. Un vide dont l'islam s'empare naturellement. Parce qu'il n'y a aucune force contre son mouvement.

Une grande interrogation concerne le rôle et le sort du christianisme, principalement du catholicisme.

Comme beaucoup d'observateurs, nous constatons que l'Eglise catholique se trouve dans un état de décomposition à peine croyable. Empêtrée dans des affaires de droit commun concernant le domaine financier et le domaine des moeurs, l'Eglise catholique, dans sa composante hiérarchique, ou caste ecclésiastique, a atteint un état de décomposition qui la rend impropre à jouer quelque rôle que ce soit. Elle ne survit que sous la forme d'une Organisation Non Gouvernementale militant en faveur des droits de l'homme qu'elle continue de bafouer, et de la paix dans le monde, sur laquelle elle n'a strictement plus aucune prise. Face à l'islam, le catholicisme se dépense en gestes de "bonne volonté" qui ne sont compris et interprétés par personne. Ces gestes font partie du décor et ne gênent personne, comme jadis les processions ou les messes en plein air.

Très clairement, l'islam est hostile profondément au christianisme. Mais, au niveau de la population, il reste aujourd'hui environ 400.000 catholiques dont une bonne moitié, ecclésiastiques compris, ne croient plus aux fondamentaux du christianisme. Leur conversion à l'islam est une simple question de convenance. L'Eglise n'a présenté et ne présentera aucune force de résistance contre le prosélitysme musulman. Elle est devenue, au moins dans sa caste ecclésiastique, sans aucune consistance. Plus encore, le pape François a insisté par des gestes spectaculaires sur l'absence de différence ou de résistance à l'islam. Il prend l'habitude de laver une fois par an les pieds de musulmanes et il insiste sur le fait que tous les hommes sont fils de Dieu comme les catholiques, tendant ainsi à identifier le musulman au catholique.

Nous ne doutons pas que le pape François imagine ainsi aider à la conversion de musulmans vers le catholicisme, bien qu'il ait plusieurs fois marqué son dégoût pour le prosélytisme. Et il semble plus assuré ainsi qu'il envisage plutôt celui d'un terrain d'entente avec les musulmans dont on sait bien la forme qu'il peut prendre.

Sur la diffusion de la langue arabe, il faut se souvenir que plusieurs établissements catholiques sont réputés pour "l'accueil respectueux" d'élèves musulmans qui sont encouragés à conserver et à pratiquer leur foi au nom de la liberté religieuse et du respect des consciences. L'adhésion de l'enseignement catholique à la langue arabe paraît acquis d'autant qu'on n'a aucun élément tendant à montrer qu'il existerait un courant de résistance à l'islam.


Revue THOMAS
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