Sur l'opinion de Gilles Bernheim sur le projet de loi Taubira

Gilles Bernheim, critique du projet de loi Taubira

Philippe Brindet - 18.10.2012

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, vient de publier un essai : Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : Ce que l’on oublie souvent de dire. où il prend fermement position contre le projet de loi Taubira avec plus d'ordre et de raison que l'épiscopat de l'Eglise de France, mais somme toute, avec strictement les mêmes arguments que lui.

Le résultat n'est pas satisfaisant. Il ne se différencie de l'opinion dominante homophobe que par des précautions réthoriques bien pâles. Plusieurs arguments que le Grand Rabbin tient pour défavorables au projet Taubira sont en réalité des illustrations de sa cause.

En préalable, le Grand Rabbin note deux soucis :

  1. éviter de se limiter à des arguments religieux qui rendraient inaudibles sa position dans la société laïciste et anti-religieuse. Gilles Bernheim va sagement les énoncer, mais, à part.
  2. refuser de ne pas prendre partie pour ne pas être "hors jeu" de la société moderne, c'est-à-dire selon Gilles Bernheim, "traître au judaïsme".
L'Eglise de France ne pense pas différemment semble t'il.

Contre le mariage homosexuel

Gilles Bernheim ne peut cacher son opposition religieuse à l'homosexualié. Mais, il tient l'homosexualité pour un fait installé dans la société contemporaine, fait dont il est impossible de ne pas tenir compte :

Dans cet essai, je me suis référé exclusivement au livre de la Genèse et ai donc choisi ne pas mentionner les interdits homosexuels inscrits dans le Lévitique car j’ai considéré que l’enjeu n’est pas ici l’homosexualité qui est un fait, une réalité, quelle que soit mon appréciation de Rabbin à ce sujet, ...
De même, son point de vue sur la société est un point de vue traditionnel, plurimillénaire :
Depuis des millénaires, le système sur lequel est fondée notre société est une généalogie à double lignée, celle du père et celle de la mère. La pérennité de ce système garantit à chaque individu qu’il peut trouver sa place dans le monde où il vit, car il sait d’où il vient.

Gilles Bernheim ne peut pas être plus éloigné de l'idéologie républicaine qu'en posant cette généalogie qu'il qualifie de manière criticable "à double lignée". Et la première chose que la République a imposé, c'est le divorce (loi du 20 Septembre 1792) en ce qu'il permet de détruire du lien social au bénéfice du seul lien-citoyen qui vaille, l'allégeance à la Nation. De ce fait, défendre un mariage civil qui permet l'individualisme le plus républicain, en prétendant qu'il permettrait à l'homme, par le lien à son père et à sa mère, de trouver sa place dans le monde où il vit, est une "hérésie" républicaine.

Dans une large mesure, le mariage civil, voulu à l'origine par la République, est un contrat essentiellement conjugal, librement résiliable. L'inertie des coutumes et - peut-être - une force interne des vraies structures sociales, réduites à la clandestinité par la Terreur, vont "pervertir" le mariage républicain en "mariage civil". Ce sera d'abord la codification napoléonienne de 1804 qui rend le divorce quasi impossibe, puis la loi Bonald de 1816 lors de la Restauration monarchique qui le prohibe. Mais, dans l'idéologie républicaine restaurée aujourd'hui, le mariage civil est d'abord un mariage républicain et l'Etat confère le droit de conjugalité à qui lui convient. Aux homosexuels aujourd'hui.

Les enfants, dans l'idéologie républicaine issue de 1793, appartiennent radicalement à la Nation. C'est exactement ce qu'affirmeront Proud'hon, puis Jules Ferry et Jean Jaurès lors du débat sur l'école laïque obligatoire. Moins d'un siècle après la Révolution, dont l'idéologie était toujours aussi puissante.

Bernheim, comme les évêques de l'Eglise de France, s'insurge contre une prétendu discrimination au détriment des homosexuels d'un droit au mariage. Mais, l'Etat républicain n'a depuis deux siècles jamais considéré que le mariage était un droit. Il s'agit pour l'Etat d'un acte administratif qui reconnaît simplement un contrat conjugal de citoyens que l'Etat agrée ou refuse. La contrepartie sociale de cette reconnaissance est une mission d'entretien de certains enfants appartenant à la Nation. Que ces enfants soient issus de l'homme et de la femme associés dans l'acte administratif qu'Il a enregistré indiffère profondément l'Etat. L'enfant est sa propriété dont Il fera ce que bon Lui semble, par l'impôt du sang ou par l'expropriation - totale ou partielle - de ses biens.

De ce fait, si droit il y a, c'est un simple droit d'accès au registre du mariage civil. L'Etat concède ce droit à qui bon lui semble. Homosexuels compris. Il enregistre qui lui convient et rejette les autres.

Bernheim, à l'instar des évêques de l'Eglise de France, écarte l'amour comme cause du mariage. C'est incompréhensible et c'est comme une trahison. Si on rejette l'amour comme cause du mariage, il faut revenir au mariage bourgeois des intérêts patrimoniaux, trahison dont je crois Bernheim et les évêques incapables. Pourtant, Bernheim écrit :

L’argument du mariage pour tous ceux qui s’aiment ne tient pas : ce n’est pas parce que des gens s’aiment qu’ils ont systématiquement le droit de se marier, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels.
On voit qu'en réalité, Bernheim entraîne le concept de l'amour comme cause du mariage jusqu'à l'absurde. Mais on voit aussi que "l'horreur" de certaines situations éclate tant devant ses yeux qu'il se trompe quand il écrit :
Ou encore, un père ne peut pas se marier avec sa fille même si leur amour est uniquement paternel et filial.
Bernheim veut dire que l'amour paternel et l'amour filial ne peuvent s'unir par le mariage. Mais ce qui cause le mariage est justement un autre amour. .

Et Bernheim a bien tort dans ces matières de recourir à ce qu'il croit être un "raisonnement par l'absurde". Parce que de très nombreux auteurs de la sphère homosexuelle ont déjà écrit que le mariage n'avait aucune raison de se limiter à "deux humains". Que celui qui a des oreilles, qu'il entende ...

Par ailleurs, tout comme les évêques de l'Eglise de France, Bernheim est victime du "syndrome de Stockholm" qui saisit les otages qui défendent leurs kidnappeurs. Ainsi, jamais personne n'a prétendu que le mariage était la seule voie offerte "à tous ceux qui s'aiment". Il se trouve que, lorsque dans la société traditionnelle, un homme et une femme s'aiment, ils souhaitent parvenir à une vie commune. Et cette vie commune est déclarée par le mariage à l'autorité étatique dans le cadre du mariage civil. Sortir de cette définition du mariage, c'est ruiner la société traditionnelle qui survit si difficilement dans la société républicaine.

Ce que les homosexuels et leurs alliés affirment, c'est que aujourd'hui ils accèdent à une vie commune et publique. Et leur mariage leur paraît une évidence telle que dont le fait de les priver serait une discrimination. On ne répond pas à cette motivation à la manière de Gilles Bernheim.

Contre l'homoparentalité

Comme l'Eglise de France, Gilles Bernheim remonte au sujet de la parentalité et de la filiation à un "naturalisme" qui n'est qu'une contestation - que nous pensons irréfléchie ... - un déni de l'idéologie républicaine, de la nuance socialiste aujourd'hui.

Selon l'idéologie républicaine, la parentalité est un mandat reçu de la Nation. Et ce mandat se double d'une séquelle de charges sur l'entretien de l'enfant. Mais fondamentalement, l'enfant n'appartient pas à sa famille. Il n'existe pas de lignée contrairement à ce qui existait dans la société de l'ancien régime. L'Etat républicain ne veut voir qu des individus qui sont sujets de l'Etat républicain. C'est la raison idéologique de la taxation spoliatrice des héritages, notamment.

La lignée générée par la conjugalité n'est qu'une structure d'accueil d'une mission de service public concédée par l'Etat, à savoir l'entretien des enfants qui, comme le citoyen, appartiennent à la Nation. Le Code pénal indique de nombreuses situations dans lesquelles l'Etat retire la mission de service public de l'entretien de l'enfant à ses parents ou à l'un d'eux. Et cet entretien par les parents est aussi limité que possible. Ainsi, il est essentiel à l'idéologie républicaine que l'enfant soit "socialisé" dans des institutions appartenant à l'Etat dès son âge le plus jeune - actuellement dès l'âge de trois ans. Et toute l'Education est sous l'autorité de l'Etat. Ne dit'on pas de cette "éducation par l'Etat" qu'elle est "nationale" ?

Or, cette idéologie républicaine - qui se trouve souvent cachée parce qu'on ne veut pas la voir, ni la lire dans notre société parce qu'elle est ignoble - exprime ici sa volonté que n'existe aucun autre lien social fort que celui qui lie le citoyen à l'Etat, le patriote à la Nation. La famille traditionnelle que Bernheim ou l'Eglise de France continuent à "fantasmer" face au surgissement de la loi Taubira, la parenté, la religion, les communautés, tout celà sont des atteintes à l'autorité de l'Etat que ce dernier ne permet jamais.

On l'a dit plus haut, la République a le pouvoir de décider à qui elle confie les enfants de la Nation et cette opération est dénommée parentalité. Et l'Etat peut parfaitement décider que cette parentalité sera donnée aux seuls homosexuels si tel est son bon plaisir. Il est assez libéral pour ne pas en priver les hétérosexuels .... Et Bernheim et Vingt-Trois pourront raconter n'importe quelle chose qui leur paraît frappée de l'évidence de la réalité, leur discours n'y fera rien, parce que ce n'est plus comme celà que les choses fonctionnent dans la société contemporaine contrôlée par l'Etat républicain depuis deux siècles. La France n'est plus dans l'Ancien Régime.

Pour illustrer cette "incompréhension" de Gilles Bernheim, on peut citer cette phrase :

Le terme « homoparentalité » a été inventé pour pallier l’impossibilité pour des personnes homosexuelles d’être parents.
Que le terme d'"homoparentalité" fut inventé, on n'en disconviendra pas. Mais celui de parentalité est tout aussi inventé. Sauf qu'il a une précédence plus que millénaire ...

D'un certain point de vue, l'invention du terme "homoparentalité" souligne une faiblesse dans les discours homophile et républicain. Il est l'aveu qu'il se passe quelque chose d'anormal .... Or, du point de vue de l'idéologie républicaine de 1793, il n'y a là rien que de très "normal". La parentalité est le système de délégation de la Nation qui possède les enfants "ab ovo" ! Et cette délégation que la Nation réserve aux bons citoyens, peut être accordée aux homosexuels ... La "nature" n'a rien à y faire. Seul l'Etat y pourvoit et il dispose aujourd'hui de deux outils radicaux : l'adoption et la PMA avec ou sans donneur, et avec ou sans porteuse.

De ce fait, Bernheim ne conteste pas mieux que les évêques de l'Eglise de France la menée du projet Taubira, pas mieux pour le mariage "homosexuel" que pour l'homoparentalité, qui n'est jamais qu'une organisation par l'Etat de la délégation de service public qu'est la famille républicaine issue du mariage civil.

A notre opinion, c'est une erreur dramatique d'écarter l'amour comme cause du mariage et de la parentalité. Il est aussi la cause revendiquée tant du mariage homosexuel que de l'homosexualité. Que l'on ne se réfugie pas derrière le fait que l'officier municipal ne vérifie pas l'amour entre les impétrants à l'enregistrement du mariage civil. Ni d'ailleurs qu'il serait toujours ou non efficace lors par exemple de la naissance et de son enregistrement. Parce que ces actes de l'Etat ne sont que des constats d'une situation qui échappe à l'Etat, que ce soit la formation de la conjugalité constatée au registre des mariages que de la parentalité constaté par le registre d'état civil.

Récusant l'amour comme cause de la parentalité, Bernheim écrit :

Toute l’affection du monde ne suffit pas, en effet, à produire les structures psychiques de base qui répondent au besoin de l’enfant de savoir d’où il vient. Car l’enfant ne se construit qu’en se différenciant, ce qui suppose d’abord qu’il sache à qui il ressemble. Il a besoin, de ce fait, de savoir qu’il est issu de l’amour et de l’union entre un homme, son père, et une femme, sa mère, grâce à la différence sexuelle de ses parents.
Tout d'abord, Bernheim ne donne aucune argument objectif à l'appui de son affirmation sur le fait que la différenciation sexuelle de l'enfant se ferait par imitation du père et de la mère. C'est une sorte de "contraposée" de l'erreur freudienne selon laquelle l'homosexualité provient d'une faute éducative des parents. Il y a insidieusement l'idée que les enfants d'homosexuels seraient homosexuels parce que leurs parents seraient homosexuels.

La question, à notre connaissance n'a jamais été posée. Mais, n'est-elle pas sous-jacente à la question des opposants du projet Taubira qu'elle soit sous la forme du droit de l'enfant à avoir un père et une mère, ou encore sous la forme "des structures psychique de base", telle que rappelée par Gilles Bernheim ici. La vérité est que nous ignorons largement comment se forment "les structures psychique de base" et que les théories qui ont été ici et là avancées sont réfutées à la mort de leur auteur.

Or, il n'existe pas d'autre validité à une institution autonome de l'Etat que l'amour des parents. Retirez l'amour des parents, et il ne restera que la délégation de service public de la parentalité républicaine. Bernheim, comme les évêques de l'Eglise de France marquent contre leur camp.

Contre le lobbying d'une minorité excitée

Bernheim fait ensuite résonner de sages paroles sur l'inanité d'un projet Taubira qui porte atteinte à une institution "naturelle". Si encore la revendication homosexuelle était "sérieuse" - il veut dire "majoritaire" au sens démocratique du terme - il y aurait à réfléchir. Mais, il note que les activistes du mariage homosexuel et de leur séquelle sont une infime minorité du peuple.

Et s'il a tendance à minorer la minorité homophile, laissant entendre qu'ils se limiteraient aux adhérents d'une association quasi-inconnue ... Berheim souligne que seul l'emballement médiatique peut dégager une majorité sondagière. Mais, cet argument n'est pas propre à la question du projet de loi Taubira.

L'atteinte à une institution "naturelle"

On peut penser que cette atteinte peut indifférer de jeunes esprits aventureux, mais probablement être plus efficace sur la raison de responsables politiques généralement plus âgés. C'est vrai que celà fait plusieurs millénaires que les juifs et les chrétiens pourchassent l'homosexualité comme une abomination - c'est la qualification du Deutéronome - et que de manière positive, la famille est fondée sur le mariage hétérosexuel.

A notre avis, cette crainte est largement partagée par les honnêtes gens - je ne dis pas que les homosexuels ne sont pas des honnêtes gens. Dans le projet Taubira d'ouverture du mariage civil, il n'a jamais été question d'interdire le mariage hétérosexuel. Or, la contestation de "l'atteinte à l'institution naturelle" ressort plus d'une défense du mariage hétérosexuel menacé de disparition.

Du point de vue des religieux, juifs et catholiques, les homosexuels dans la société républicaine peuvent faire ce qu'ils veulent. Deux choses leur sont interdites : le mariage et la parentalité. Pourquoi ? Parce que le mariage est une "institution naturelle" et que la parentalité découle évidemment du mariage, comme "institution naturelle". Autrement dit, les homos peuvent s'unir de la manière qui leur conviennent. Mais qu'ils ne touchent pas au mariage. Et qu'ils ne touchent pas aux enfants.

On peut s'interroger sur la qualification de "naturelle" dont les religieux qualifie l'institution du mariage. On peut penser qu'ils évoquent la fameuse loi naturelle dans laquelle les religieux voient une sorte de précursion de la loi religieuse dans la société humaine qui n'a pas encore atteint le stade religieux par la Révélation. Au sujet du mariage, le Deutéronome est pourtant parfaitement clair. Il semble évident que la Révélation condamne les usages des sociétés qui environnent Israël et par suite, l'Eglise. Il suffit de lire Le Lévitique, chapitre 18, qui rassemble les "Règles sur l'union conjugale". On y lit :

Je suis Yahvé votre Dieu. Vous n'agirez point comme on fait au pays d'Egypte ... au pays de Canaan. Vous ne suivrez pas point leurs lois, ce sont mes coutumes que vous appliquerez et mes lois que vous garderez."
Et suivent dix-huit interdictions liées à la conjugalité dont très clairement les relations homosexuelles. Mais, la chose la plus suggestive vient après en Lévitique 18, 24 :
Ne vous rendez pas impurs par aucune de ces pratiques : c'est par elles que se sont rendues impures les nations que j'ai chassées devant vous ...
Il est très possible que dans la logique religieuse tant des juifs que des catholiques que ces deux religions ne peuvent rester dans une nation qui se livrerait à l'homosexualité de manière légale. Ces deux religions seraient contraintes par leur Saint Ecriture d'éliminer une telle nation.

Il n'est pas certain que la République soit très accessible à ce genre de "crainte". Mais, rien n'interdit à un responsable politique d'évaluer le rapport de forces ...

Le coup du cheval de Troie et la "théorie du genre"

Gilles Bernheim développe ensuite une critique de la prétendue "théorie du genre" telle qu'elle est exprimée par des auteurs comme Butler. Le projet de loi Taubira est pourtant étranger à la théorie de genre. Prima vista ...

Rappelons que, selon la "théorie du genre", le genre d'un individu peut ne pas être identique à son sexe. Ainsi, le "genre" est-il une caractéristique sociale quand le sexe serait "biologique".

Notre surprise de l'évocation par Gilles Bernheim de la "théorie du genre" est que les homosexuels sont des individus dont le genre est strictement conforme au sexe. Ce qui les distingue des hétérosexuels, ce n'est pas l'identité sexuelle, c'est l'orientation sexuelle qui les porte vers des individus du même sexe qu'eux. Plus encore, le courant principal de l'homosexualité est foncièrement ennemi de la théorie du genre. Les homosexuels ne pensent pas plus que les gens "normaux" pouvoir changer "à volonté" leur genre. A la différence, les "transgenres" de la théorie du genre peuvent avoir l'orientation sexuelle vers l'une ou l'autre des deux sexes, selon qu'eux-mêmes sont hétérosexuels ou homosexuels.

Pour des raisons politiques, les transgenres et les transsexuelsont été conduit à s'associer aux minorités politiques que sont les gays et les lesbiennes, formant les fameux LGBT. Sous l'influence de mouvements du pop-art et de l'underground new-yorkais, on a vu apparaître l'idée que la distinction entre le sexe biologique et le genre social serait fondatrice d'une nouvelle compréhension de l'espèce humaine. Certains auteurs se sont mis à idéologiser des processus qui étaient d'abord du domaine de la psychiatrie et plus rarement de la médecine somatique.

Toujours est-il que l'homosexualité est une question d'orientation sexuelle quand le genre est une question d'identité sociale. Il est clair que cette question d'identité sociale ne peut à aucun prix être abandonnée à l'arbitraire humain pour les religieux comme Gilles Bernheim parce qu'ils pensent que l'identité sociale de l'être humain est totalement déterminée par Dieu. N'a-t'il pas fait l'homme à Son image et ne l'a-t'il pas voulu homme et femme différenciés ? Mais, en pratique, il est dommage que ces théoriciens religieux ne présentent leur doctrine que de façon allusive, se limitant à évoquer des passages "correctement" choisis dans la Bible et reconnaissant en "oublier" d'autres - sur la condamnation de l'homosexualité par exemple.

Prétendre que l'homme aurait le droit de déterminer lui-même son identité sociale paraît à Bernheim comme à tous les religieux comme une atteinte aux droits de Dieu, un mépris de son empire sur la Création.

Il faut rassurer Gilles Bernheim et les évêques de l'Eglise de France à ce sujet. Les homosexuels ne pensent pas une seconde à changer de genre et leur identité sociale est parfaitement fixée pour la majorité d'entre eux.

Mais, en fait, ce n'est pas le coeur du souci de Gilles Bernheim :

Que les droits en termes d’homoparentalité et d’adoption soient étendus ou limités, il ressort également que les militants LGBT utiliseront le mariage homosexuel comme un cheval de Troie dans leur entreprise, bien plus large, de nier la sexuation, d’effacer les différences sexuelles et de leur substituer des orientations permettant à la fois de sortir du « carcan naturel » et de mieux dynamiter les fondements hétérosexuels de notre société.

Et il suffit de se souvenir du PACS pour ne pas tenir compte de son avertissement.

Maintenant, c'est un manque de rigueur qui conduit Bernheim à croire que l'entreprise des militants LGBT serait de nier la sexuation, d’effacer les différences sexuelles et de leur substituer des orientations permettant à la fois de sortir du « carcan naturel » et de mieux dynamiter les fondements hétérosexuels de notre société.

Les agissements du mouvement LGBT conduisent inéluctablement la société contemporaine vers la disparition, non pas de l'hétérosexualité, mais de la police absolue que la coutume hétérosexuelle héritée des régimes juif et chrétien fait régner actuellement sur la société post-chrétienne.

Et dans une large mesure, il s'agit d'un retour aux temps barbares de Rome et d'Athènes, et même plus anciens de Thèbes et de l'Egypte de Moïse. La chose incite à la réflexion.


Revue THOMAS (c) 2012