Revue d'opinions - Août 2012

Revue d'opinions - Août 2012

Philippe Brindet - 31 juillet 2012

1 - La politique en France

  1. Syrie, pas d'intervention ! par Jean Fleury dans LE MONDE du 23.08.2012 (en local)

    Malgré le sentiment de défense qu'il partage avec l'opinion publique, le général Fleury recommande au gouvernement de ne pas intervenir militairement en Syrie. Sa raison ? L'armée de l'air syrienne est deux fois plus puissante que l'armée de l'air française.

    Le général Fleury est le troisième officier supérieur à dénoncer la faiblesse de l'armée provoquée par des budgets trop réduits. Bien.

  2. Politique de recherche, éloge de la simplicité, par une TRIBUNE de onze chercheurs d'Etat - LE MONDE SCIENCE ET TECHNO du 23.08.2012 (en local)

    Eloge de la simplicité ? C'est sympathique. Mais c'est spécieux. Un seul exemple. Dans une région, les auteurs veulent que seule l'Université locale soit l'opérateur de recherche allocataire des subsides de l'Etat et de ses agences. Comme les trois quart des Universités sont en région ...

    Or, les auteurs "constatent" que la France diffère des Etats étrangers. C'est une nouvelle bien connue. Mais la différence serait qu'à l'étranger, seules les Universités seraient allocataires des subsides de recherche. C'est une simplification qui ignore la réalité. Les auteurs en profitent pour décrier l'existence d'"agences" d'Etat comme le CNRS, le CEA ou l'Institut Pasteur. Bien. Ils considèrent que c'est une bizarrerie dans le "concert des nations". C'est assez inexact. Mais passons.

    Le problème de l'Université en France a conduit dès la Libération des agences d'Etat à se doter de puissants moyens de recherche. Il existe une raison qui n'est pas simplement la méfiance de certains à l'encontre des Universités. Il existe une raison historique qui vient de l'extraordinaire sclérose de l'Université qui recycle des savoirs tout faits et prêts à penser. En France, c'est son rôle naturel depuis mille ans. Et cette propension à faire des manuels d'enseignement est contraire à la qualité de base du chercheur : mettre en doute, chercher.

    Prétendre éliminer les agences qui marchent plus ou moins au profit d'une Université qui a le plus grand mal à dispenser un enseignement de masse, dans le même temps qu'elle est incapable de mener des opérations de recherche, c'est "suicider" les chercheurs et la recherche scientifique en France. Tout celà, pour leur faire bénéficier du statut de professeur des Universités (je crois qu'ils ont le grade de colonel de réserve ...).

    Maintenant tout est possible. Surtout si on se rappelle "qu'avant de jongler avec des poignards, il vat mieux essayer avec des clémentines" ....

  3. Prix de l’essence, les mesurettes sans envergure du gouvernement et des pétroliers, par Thomas Porcher dans le Nouvel Obs' du 27-08-2012 (en local)

    Thomas Porcher montre que la hausse des carburants profite à la fois à l'Etat et aux distributeurs. Aucun d'eux n'a intérêt à baisser le prix à la pompe. De plus, en période de récession, les recettes de l'Etat ne peuvent supporter une baisse importante des rentrées fiscales. Du coup, la promesse électorale de bloquer le prix des carburants pendant trois mois, qui était déjà une mesurette, ne sera pas tenue.

    Porcher se livre ensuite à des propositions politiques consistant à rendre plus "juste" la répartition de l'effort fiscal selon l'offre de transports publics. En effet, si à Paris l'usage de la voiture n'est pas nécessaire, il l'est dans de nombreuses régions très peu pourvues de transport.

    Le critère est attractif. Mais il masque une réalité incontournable. Dans une démocratie qui tient la liberté d'aller et de venir où bon vous semble, l'Etat prélève plus de vingt milliards d'euros pour limiter ou annuler cette liberté en commençant par les plus pauvres. Près de 80% du budget transport de chaque citoyen est en réalité détourné par l'Etat. Liberté de circulation, dit on.

  4. Breivik prix Goncourt ?, par Jérôme Garcin dans Le Nouvel Obs' du 17-08-2012 (en local)

    Monsieur Garcin est, je crois le critique littéraire du Nouvel Obs'. Monsieur Millet, nous dit Monsieur Garcin est un éditeur. Monsieur Garcin nous apprend que Monsieur Millet aurait publié un écrit de sa plume : «Eloge littéraire d'Anders Breivik» (Pierre- Guillaume de Roux, 16 euros). Monsieur Garcin déteste Monsieur Millet parce que Monsieur Millet déteste les auteurs que Monsieur Garcin adore.

    Au passage, il faut rappeler que Breivik vient d'être condamné pour avoir assassiné 77 personnes et qu'il prétendait les avoir assassiné pour résister contre l'islamisation. On peut avoir des idées fortes mais incohérentes tout en restant "normal" nous dit-on de toutes parts ...

    Monsieur Garcin déteste tout ce qu'adore Monsieur Millet. Il a donc une opinion très nette sur ce dernier :

    Au seuil de ce livre abject où Millet sonne l'Angélus, une phrase de Drieu la Rochelle suggère que nous allons assister à un suicide littéraire.
    Il semble que le Nouvel Obs' organise une campagne d'élimination d'un auteur politiquement incorrect.

  5. Les déclarations de guerre de Richard Millet, par Pierre Assouline dans son blog dans Le Monde du 29 août 2012 (en local)

    Je découvre la polémique Millet après la lecture et le commentaire de l'analyse partisane de Garcin. Monsieur Assouline est aussi un critique littéraire. Mais à la différence de Monsieur Garcin, lui aime la littérature.Il aime donc l'oeuvre de Millet, et en plus il déteste les positions politiques (de la droite extrême) et idéologiques (catholique et hétérosexuel) de Millet. Aussi peut on saluer l'intégrité de la critique littéraire de Monsieur Assouline qui, parlant de Millet et de son éditeur, termine sa critique par :

    Il faut un certain courage pour exprimer ses angoisses, ses fantasmes, ses cauchemars et ses peurs.

  6. Pour que la prison devienne l'exception !, par François Taquet - Le Monde.fr du 30.08.2012 (en local)

    Le Professeur Taquet n'aime pas la prison. Il est peut être nous dit-il du même avis que Madame Taubira, sans être de gauche. Mais, il se souvient que de la prison, "des jeunes y entrent, des fauves en sortent.". Il n'oublie pas que les prisons françaises sont une honte dénoncée par les organisations humanitaires du monde entier.

    Le Professeur Taquet a raison. La privation de liberté d'un homme est un supplice indigne d'une humanité consciente de sa propre dignité collective. Ce supplice devient une honte absolue quand les conditions de détention sont celles de la France.

    Deux problèmes sont alors ouverts : la question de la satisfaction des victimes et celle de la juste punition du criminel. Qu'on ne pense pas remplacer la prison de la Santé par le racket de Bercy.

2 - Quelques nouvelles scientifiques

Une sonde automatique américaine est parvenue à s'installer sur le sol de la planète Mars. Elle va bientôt démarrer des voyages à la surface de Mars pour se livrer à diverses mesures et observations transmises par radio vers la Terre. Elle a déjà mesurées des températures positives sur le sol de Mars.

  1. Etre les meilleurs en maths, et comment le rester, Editorial - LE MONDE du 10.08.2012 (en local)

    Cet éditorial relève que ::

    1. Nalini Anantharaman et Sylvia Serfaty figurent parmi les quatre lauréats du prix Henri Poincaré, attribué par l'Association internationale de physique mathématique à Aalborg, au Danemark.
    2. les Français ont raflé cinq des douze prix de la Société européenne de mathématiques, qui distinguent des chercheurs de moins de 35 ans.

    Il en déduit que tout celà :

    vient de récompenser l'excellence française ...
    Il s'agit bien entendu d'une indécence rare. Le Monde a alors le front de noter :
    Dans les classements internationaux, les adolescents français sont à la traîne en maths, loin des performances de leurs champions. Si l'on ne remédie pas à cette faiblesse, c'est, à terme, la culture scientifique et l'excellence françaises qui seront menacées.
    Parler d'excellence et d'excellence française est une petitesse inadminissible qui concurrence les chauvinismes aveugles.

  2. Apple Case Muddies the Future of Innovations par NICK WINGFIELD dans The New York Times du 26.08.2012 (en local)

    Cet article montre que l'état d'esprit qui règne en France est des plus particuliers. Le débat sur la propriété intellectuelle comporte deux aspects : idéologie et économie. Or ce débat est politique. Malgré celà, il faut bien en saisir les enjeux. Et de nombreux intervenants en France souffrent d'une ignorance crasse du système des brevets et souvent aussi des bases qui le soutiennent, ainsi que des connaissances élémentaires de l'économie réelle.

    Au cours du mois d'août, la firme Apple a emporté un procès en contrefaçon sur trois de ses brevets contre la firme Samsung. Cette dernière a fait appel de la décision de justice qui la condamne à payer à Apple plus de un milliard de dollars. Nous ne nous prononcerons pas sur le bien fondé du jugement.

    Pas informés sur ce jugement, de nombreux intervenants protestent contre l'utilisation des brevets qui viennent croient ils "gêner la libre concurrence". Or, c'est là une position de principe, parce qu'il est difficile de croire que ces opposants soient tous stipendiés par le perdant du procès. Et cette position de principe trouve sa source dans deux idéologies différentes :

    1. le libéralisme sauvage le plus éhonté : Si Samsung voulait triompher de Apple, il avait le droit de voler ses inventions parce que, se posant en concurrent, il permettait de baisser le prix des produits du marché ce qui bénéficie aux consommateurs ;
      nous avons plusieurs fois protesté contre le libéralisme sauvage d'une part et contre le principe économique mortifère de la baisse des prix qui profite au consommateur et qui ruine le salarié, d'autre part. Parce que si le prix du marché baisse, le salaire de l'ouvrier baisse jusqu'à la suppression de son emploi !
    2. Le mythe du logiciel libre : depuis une vingtaine d'années, un mouvement terroriste s'est invité dans le monde raisonnable de l'industrie. Il a instillé partout l'idée que les idées appartiennent à tout le monde. Elles seraient un "bien public" selon certains théoriciens.
      Pour ces idéologues, le brevet est un vol de "bien public" puisqu'il réserve des idées à un opérateur déterminé qui prétend les avoir eu.
      Le modèle économique du prétendu logiciel libre qui laisse croire au libre accès aux idées est un système qui profite à ceux qui peuvent établir ou consolider leur monopole. Ce système écrase les petits opérateurs et, à terme, conduit au produit unique à prix imposé, tuant toute innovation et tout progrès technique.

    Wingfield note que pour plusieurs notables certaines des caractéristiques brevetées sont des points de passage obligé pour produire un smartphone. Par exemple, l'idée que le smartphone doit être un rectangle à coins arrondis serait incontournable pour réaliser un smartphone. Or, l'esprit de l'innovation est justement de contester cette idée et de trouver et d'imposer cette autre forme inconnue aujourd'hui. A l'inverse, le parasitisme c'est de copier cette forme découverte chez Apple pour faire croire au consommateur que "c'est comme du Apple !" ...

  3. La Terre va-t-elle perdre le Nord ? par Vincent Courtillot dans Le Figaro du 24/08/2012 (en local

    Vincent Courtillot nous informe de deux observations "prévisions" :

    1. le champ magnétique terrestre est en train de s'inverser et il reprend la configuration qu'il avait il y a 800 000 ans. Cette inversion pourrait voir des bouleversements d'une ampleur que l'Histoire de l'Humanité organisée n'a pas connue.
    2. cette inversion du champ magnétique terrestre n'est pas pas prévisible dans un avenir proche.
    Ainsi, certains spécialistes pensent que la disparition de l'homme de Néanderthal pourrrait être en lien avec une telle inversion de polarité magnétique.

3 - L'Euroland

  1. Finances : les choix de M. Hollande, par Jean Pisani-Ferry dans LE MONDE du 13.08.2012 (en local)

    Monsieur Sarkozy avait, sous les ordres de la Chancelière allemande, signé un traité européen de stabilité budgétaire au mois de mars. Monsieur Pisany-Ferry qui est un économiste d'un club de pensée installé à Bruxelles nous apprend que le Conseil Constitutionnel aurait récemment donné une sorte d'interprétation du Traité qui permettait à M. Hollande, remplaçant de M. Sarkozy, deux possibilités :

    ... soit la France se dote d'une règle budgétaire contraignante, de type règle d'or, et elle doit réviser sa Constitution ; soit elle fait reposer le respect des normes européennes de finances publiques sur la mise en place de procédures de décision et d'exécution budgétaires, et elle n'en a pas besoin.

    Selon M. Pisani-Ferry, Monsieur Hollande aurait choisie la seconde solution. Autrement dit, Monsieur Pisani-Ferry nous apprend que, devant la crise économique et sociale européenne, la France ne fera rien. Parce qu'il n'y a rien à faire. Bien.

  2. Alerte maximale sur l'euro, par Laurent Joffrin dans le Nouvel Obs' du Créé le 22-08-2012 (en local)

    Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Obs', a l'immense talent d'émettre des opinions avec lesquelles nous nous trouvons en désaccord. Une fois de plus, son opinion nous paraît erronnée quand il écrit en manière de conclusion :

    La monnaie unique suppose la convergence des économies. Faute de l'avoir organisée, les dirigeants européens sont patiemment construit un piège mortel. Ils sont en passe d'y tomber.
    La monnaie n'a pas forcément beaucoup à voir avec l'économie, enfin avec "toute" l'économie. Par contre la monnaie c'est l'instrument de contrôle de l'activité économique. Le réalisme médiéval, c'était que chaque marché avait sa et même ses monnaies. L'économie ne se portait pas toujours bien. Mais elle ne se portait pas toujours mal non plus. Et la monnaie était loin d'être "unique".

    Or, depuis que nos maîtres nous ont imposé une monnaie unique, tout va de plus en plus mal. Et nos économies grâce aux efforts de nos maîtres politiciens, convergent vers zéro ! Contrairement à ce qu'affirme Joffrin. Et nous soutenons l'idée que cette convergence vers zéro n'est pas du tout un "malheur" imprévu pour nos maîtres. C'est leur volonté expresse.

    Et si Monsieur Joffrin veut voir un piège mortel, ce n'est ni pour lui, ni pour ses amis au pouvoir depuis trente ans et plus. Ce piège mortel se referme sur les peuples en Europe qui n'en peuvent mais.

4 - Le catholicisme américain

Pas de débat notable. Cependant, un adversaire républicain de la liberté de moeurs a été "intercepté" par les "vigilants" du progressisme alors qu'il se livrait à une savante et fort mal venue réflexion sur le caractère infécond des "femmes violées contre leur gré". Sous-entendu, que si le rapport a été fécond, c'est que la femme n'a peut être pas été violée ... Tollé général.

5 - Le catholicisme français

Est-ce encore un débat ? Le CEF, association privée des évêques de la République française, sous l'instigation semble t'il de son Président Vingt-Trois, a décidé de faire lire une prière spéciale à la messe de l'Assomption dans toutes les églises de France. Bien que rédigée en termes sibyllins, depuis que son utilisation a été connue, la prière a été décrite comme une "provocation homophobe" par les activistes homosexuels et les organisations progressistes. Ajoutez à ceux-là quelques bourgeois s'achetant à bas prix une "mauvaise" conduite - on ne sait jamais de quoi demain sera fait ... - et le débat s'arrête là.

Le "combat" des catholiques contre le "mariage homosexuel", terme impropre, n'est pas fondé sur des questions religieuses. Est-il fondé sur des raisons de droit civil ? Nous ne l'avons pas lu. Sur des raisons politiques ? Pas davantage. Il s'agit essentiellement d'une réaction de personnes sans éducation pour qui "... le mariage, c'est le mariage ! Y'a pas à sortir de là !". Un peu court.

Beaucoup de réactions catholiques se fondent sur le droit de l'enfant à avoir un père ET une mère. Et les catholiques répètent en boucle cet argument. Tant et si bien qu'ils sont persuadés de la vérité de ce "principe", "vérité" qu'ils déduisent de sa répétition.

En plus de l'absence d'arguments raisonnables, les catholiques sont habités dans ce débat par une nausée et un vertige. La nausée qu'ils ressentent à la simple évocation d'un homosexuel. Le vertige qu'ils éprouvent à imaginer deux personnes de même sexe "ensemble". Respirez lentement, profondément. Cà passera.

Comme chantait Fernandel : "C'est bizarre ...". L'Eglise de France a accepté l'avortement, la contraception, le divorce et que sais-je encore sans aucun dégoût. Mais les "homos", là ... çà coince. "C'est bizarre ..." ?

  1. Prière pour l'Assomption 2012 - Proposition nationale pour une prière des fidèles en la fête de l'Assomption, le 15 août 2012, pour le CEF sur le site du CEF (en local)

    Le texte comporte quatre invocations. La plus "polémique" se limite à ceci :

    4. Pour les enfants et les jeunes ; ... qu'ils cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère.
    Et c'est avec "çà" que l'on accuse l'Eglise de vouloir combattre le "mariage homosexuel" !

    La plupart des paroissiens, selon La Vie, ont été très surpris d'entendre ce texte qu'ils ont d'abord cru "avoir été raboté"! Mais heureusement que personne ne lit les prières ! Parce que l'expression même en est vraiment irrecevable. Que les enfants ne soient pas des objets est évidemment hautement souhaitable. Mais leur intimer l'ordre de cesser de l'être est des plus étranges. Plus encore, comment un athée ne lira t'il pas dans cette "invocation" étrange, l'instrumentalisation des enfants par les catholiques contre le "mariage homosexuel".

    Nous ne comprenons pas bien ce débat dont l'objet paraît si inconvenant qu'il n'est jamais montré. Le "mariage" existe sous deux formes : la forme civile et la forme religieuse. Pour des raisons historiques, intégrées dans la loi française, la forme "religieuse" ne doit être accessible qu'après la "célébration" de la forme "civile". De cette priorité a découlé une dangereuse confusion entre les causes civiles et les causes religieuses du mariage, non pas chez les "civilistes" qui ignorent absolument ces causes "religieuses", mais chez les religieux qui, acceptant la priorité du mariage civil, veulent en réalité "croire" que le mariage "global" est entièrement causé par la loi religieuse. Le problème ici est identique dans les deux autres religions présentes en France. On l'a vu dans plusieurs affaires comme celle de la virginité de l'épouse.

    La position prise par les autorités religieuses pourrait être fausse religieusement. Mais, comme ces mêmes autorités religieuses refusent d'énoncer explicitement le débat, il est inutile d'en débattre ...

    Quoique disent les évêques, la condition d'hétérosexualité inscrite aujourd'hui encore dans la loi civile, va en disparaître. Il ne nous semble pas que cette disparition de la loi civile entraîne nécessairement l'ouverture du mariage "religieux" aux homosexuels. Sauf à exiger l'alignement des causes religieuses du mariage religieux sur les causes civiles du mariage civil. Ce qui reviendrait à imposer l'interdiction du mariage religieux. Après tout ...

    Je voudrais souligner que, dans la conception catholique, la cause essentielle du mariage n'est pas d'abord sa conformité à des règles externes. Le mariage n'est pas un droit accordé par un maître qui le délivrerait à son bon vouloir. Le mariage religieux n'est pas un "permis de procréer" comme l'Etat délivre un "permis de conduire" ! La volonté des époux est la cause essentielle du mariage, quelque soit le but qu'ils comptent donner à leur union. La publication des bans permet seulement de recueillir les oppositions au mariage. L'Eglise ne fait que bénir et, dans une mesure très réduite en France, enregistrer l'union. On dit que les époux sont les ministres de leur propre sacrement. De là à soutenir que la condition d'hétérosexualité ne peut pas se trouver dans le mariage religieux ...

  2. Non au marché de l'enfant que crée le mariage gay, par Franck Margain dans LE MONDE du 16.08.2012 (en local)

    Monsieur Margain est un député de droite, membre du parti de Madame Boutin, ancienne candidate à la présidence 2012. L'idée même de mariage homosexuel lui est si insupportable qu'il ne l'utilise qu'avec le qualificatif de "gay" qui, dans son milieu, désigne l'abomination de la désolation. De plus, l'idée même que deux personnes de même sexe puissent prétendre à une vie commune, alors que depuis des siècles il en est (rarement, puis de plus en plus fréquemment) ainsi, lui fait écrire à leur sujet "couple" entre guillemets, pour bien marquer le mépris absolu dans lequel il tient de telles personnes.

    Emporté par des années de lectures et de discussions, orientées toujours dans le même sens par le milieu dont il est issu et dans lequel il mourra, Monsieur Margain ne se rend même pas compte qu'il est incapable de dire le monde tel qu'il est. Pire encore, Monsieur Margain n'est pas capable de dire le monde tel qu'il sera. Pourquoi ? Parce que, pour les semblables de Monsieur Margain, le monde est ce qu'il a toujours été. Une longue promenade de contentement entre gens du même monde qui croient obéir à la "seule vraie Loi", parce qu'ils répètent les usages qu'ils croient ceux de leurs aïeux.

    Ceci dit, Monsieur Margain a peut être raison. Mais, alors il a raison tout seul. Avec ses quelques rares semblables. Mais diable, pourquoi Monsieur Margain ne vit-il pas avec ses semblables. Ses pratiques, croyances, us et coutumes ne gênent personne. Elles lui permettent de vivre avec ses semblables. Qu'il continue.

    Entraîné par son évidence, Monsieur Margain répète plusieurs fois des erreurs graves parce qu'elles rendent irrecevables son réquisitoire contre le mariage homosexuel. Il faut dire que certaines d'entre elles sont répétées sans fin par ses amis. Et la répétition leur tient lieu de certitude. Par exemple, affirmer que le mariage n'a jamais été la "reconnaissance sociale d'un amour", c'est confondre la doctrine du mariage catholique avec les usages d'une certaine bourgeoisie. Dans certaines sections de la société, il est en effet connu que les mariages sont avant tout des contrats d'affectation de patrimoines. On peut alors parler d'institution qui rapproche en effet le mariage de Monsieur Margain de la société anonyme. Mais nous ne sommes peut être pas du même "monde" ...

    Monsieur Margain intitue son article : "Non au marché de l'enfant que crée le mariage gay". Bien. Mais où a t'il vu que le "mariage gay" comme il dit, créerait-il un marché de l'enfant ? Parce que l'adoption serait ouverte aux homosexuels ? Mais le marché de l'adoption est ouvert depuis des années. Il y a même des services de l'Etat pour le réguler et les catholiques ne sont pas les derniers à y être de redoutables opérateurs.

  3. Des couples de même sexe existent et s'aiment aussi, par Pierre Cassan dans Le Monde du 17.08.2012 (en local)

    Ayant lu l'article de Monsieur Margain, dès le lendemain, Monsieur Cassan a fait publier une réponse. Il y relève plusieurs erreurs de Monsieur Margain sur le mariage d'une part et la vie des homosexuels d'autre part. Nous n'y reviendrons pas.

    Monsieur Cassan a noté dans l'article de Monsieur Margain la présence d'un nombre inhabituel de guillemets alors que leur auteur ne fait aucune citation. Monsieur Cassan en déduit "toute l'expression d'un mépris, sinon d'une haine des homosexuels, du seul fait précisément de leur orientation sexuelle" qu'il met au compte de Monsieur Margain. On peut partager l'impression de Monsieur Cassan. Son point de vue sur les conditions nécessaires d'un débat démocratique est tout à fait approuvable.

    Le problème que pose alors le point de vue de Monsieur Cassan est double. Tout d'abord, il n'y a pratiquement plus de temps pour le débat démocratique, puisque l'assemblée nationale va se réunir prochainement nous dit-on pour voter une promesse électorale du nouveau président de la République. Ensuite, il n'y a dans la suppression de la condition d'hétérosexualité exclusive du mariage civil aucun débat politique possible. Parce que cette suppression est essentiellement dictée par une loi juridique d'égalité d'accès aux droits civils. Dont celui du mariage. La condition d'exclusion du mariage est, depuis plusieurs années, illégale à cause de l'interdiction des discriminations de toutes sortes à l'encontre de l'orientation sexuelle.

    Le débat démocratique ou non a eu lieu avant cette loi. Il est clôt depuis.

  4. Lettre d'un gay à un catholique, par Hugo Baillet dans Le Nouvel Obs' du 16-08-2012 (en local)

    Monsieur Baillet n'a pas lu l'article de Monsieur Margain, et c'est heureux. Monsieur Baillet n'est pas content de la position conservatrice des catholiques au sujet de ce qu'il est convenu d'appeler (à tort) le "mariage homosexuel". Et il l'écrit à un "jederman" catholique pour bien montrer le mépris dans lequel il tient ce groupuscule.

    Malheureusement la position de Monsieur Baillet tient en quelques mots qu'il applique à toute expression politique d'un catholique :

    La religion se pratique dans votre cercle privé.
    Cette position conservatrice des laïcs depuis deux siècles est malheureusement en opposition formelle avec les lois de la démocratie. Notamment, dans notre régime républicain, la discrimination à l'encontre de la religion est interdite. Prétendre combattre un délit de discrimination au titre de l'orientation sexuelle en commettant un délit de discrimination au titre de la religion ne fait avancer aucun débat.

  5. "N'ayez pas peur" de l'homosexualité, par Jean-Pierre Mignard dans LE MONDE du 21.08.2012 (en local)

    Monsieur Mignard est un avocat qui, par exemple, a contrôlé les "primaires du Parti Socialiste" à la Présidentielle 2012. Avocat de causes médiatiques, il ajoute à sa notoriété un sujet de société, celui de l'opposition catholique officielle au mariage dit "homosexuel". Son article, d'un ton redoutablement mesuré, vise à semer la discorde dans le camp de l'Eglise de France. Au passage, M° Mignard nous apprend qu'il est catholique et il le fait dans les termes mêmes de l'Eglise constitutionnelle de 1791 :

    En tant que catholique et citoyen de la République, je souhaite entendre l'Eglise de France sur ce point précis.
    Je sais que ce genre d'affirmation n'est pas bien reçue. Mais, si on refuse de prendre les références qui permettent de comprendre des positions complexes, ces mêmes positions ne sont plus seulement complexes. Elles deviennent incompréhensibles.

    Appelant au débat interne dans l'"Eglise de France" - c'est le terme qu'il utilise comme il l'aurait fait de celui d'"l'Eglise constitutionnelle" - M° Mignard risque cette assertion hasardeuse mais révélatrice :

    Qu'avons-nous à craindre des paroles puisque nous nous réclamons de la théologie de la Parole ?

    Ceci ne nous dit rien sur un débat sur l'homosexualité, mais beaucoup sur la terrible réduction post-concilaire. Il n'existe en effet aucune théologie de la Parole, sauf que la Deuxième Personne de la Sainte Trinité est dite "Verbe" pour entendre le terme grec de "Logos" dont l'un des sens est en effet celui de "parole" par glissements successifs ou larges approximations comme on voudra. Or, ce que le catholicisme a acquis depuis le Concile Vatican II, c'est bien la propension - et même plus que cela - à réduire les concepts transcendantaux en "trucs" à faire frémir. Le débat démocratique remplace l'adoration du Verbe fait chair.

    Ceci dit, il existe comme un défaut, puisque 45% des catholiques seraient favorables à une chose à laquelle leurs pontifes sont farouchement opposés. La crise que veut voir M° Mignard et ses amis sera t'elle résolue par un débat démocratique organisé par le Parlement ou par la restauration d'un ordre moral dit par les évêques de l'Eglise de France ? Nous sommes incapables de prévoir.

  6. Mariage gay, de quoi l'Église se mêle-t-elle?, par Caroline Mécary dans le Hufftignton Post du 15/08/2012 (en local)

    Mme Mecary est une avocate activiste lesbienne. L'affaire de la prière du quinze-août n'allait donc pas la combler d'aise. Elle a donc pensé qu'il était de son devoir de dire tout le mal qu'elle pense de l'Eglise. Après tout, c'est son droit et ce n'est pas très intéressant.

    J'ai noté qu'elle soutenait que le débat concerne le seul mariage civil sur lequel l'Eglise n'a plus aucune influence, ni autorité et pas sur le mariage religieux qui concerne "la sphère spirituelle, qu'on lui abandonne bien volontiers", nous dit Mme Mécary. C'est toujours la vieille affimation erronnée des athées. Elle confirme aussi que le mouvement d'ouverture au mariage dérive de "l'aspiration des citoyens à une Egalité réelle et à une liberté de choix du statut matrimonial, grandit de jour en jour."

    Maintenant, le débat est-il si bloqué qu'il conduise les catholiques français à une rupture du "contrat social" ?

  7. Pour en finir avec la laïcité, par Maître Eolas dans son blog le Mercredi 15 août 2012 (en local).

    Maître Eolas est le pseudonyme d'un avocat dont l'activité littéraire est immense. Ecrivant d'une langue limpide, pensant avec la rigueur des bons juristes, Maître Eolas est l'un des rares auteurs de blog dont la lecture devrait être obligatoire. Dès la classe de Sixième.

    Ce n'est pas la prière du Quinze-Août qui l'a fait réagir, mais la polémique qui a suivi son annonce. Maître Eolas a probablement son opinion sur l'opinion de l'Eglise de France au sujet du mariage "homosexuel". Mais, il ne nous encombre pas avec sa propre opinion. Son opinion est une discussion du "principe de laïcité" qui permet à beaucoup d'activistes de renvoyer l'Eglise au domaine "spirituel", la banissant de la sphère publique.

    Maître Eolas démontre juridiquement la fausseté de cette opinion prévalente chez les anticléricaux :

    Cette affirmation est on ne peut plus fausse. Alors je m’adresse à vous, pauvres brebis égarées. Relisez la loi de 1905. Elle n’interdit nullement à quelque culte que ce soit de se mêler de politique. La liberté d’expression s’y oppose même frontalement. Tout culte peut, par la voix de ses représentants, prendre publiquement position sur tel ou tel projet de loi, et même appeler ses fidèles à exercer leur vote de façon à permettre le succès ou au contraire faire échec au vote d’une loi. La République vit de la confrontation pacifique des idées, et cette confrontation n’a de sens que si celles contraires aux nôtres peuvent s’exprimer. Il est tentant de disqualifier l’adversaire par un argument dit ad hominem : “peu importe ce que vous dites, je vous dénie le droit de le dire en raison de ce que vous êtes”. Ça tient en un tweet et ça ne donne pas d’ampoule au cerveau. Mais si vous le relisez, vous verrez l’incompatibilité avec la démocratie.
    En fait, lisez l'article de Maître Eolas.

6 - Le vrai christianisme

  1. A Malonne, l’hospitalité des clarisses provoque des remous CLAIRE LESEGRETAIN dans La Croix du 16/8/12 (en local)

    Il ne s'agit pas vraiment d'une opinion. La journaliste de La Croix rapporte cependant les termes d'un débat d'une extrême importance, débat qui n'est pas tenu sur le plan des idées pures, mais des croyances viscérales de populations mal éduquées. De quoi s'agit'il ?

    Une femme a été condamnée en Belgique il y a quelques années comme complice d'un horrible crime de pédophilie qui a défrayé la chronique. Comme la plupart des lois pénales le dispose, la condamnée est devenue libérable. Cette situation est ouverte depuis quelques temps déjà. Une première tentative de mise en résidence en France a échoué. Une première communauté religieuse était pressentie. Pour des raisons diverses que nous n'avons pas recherchées, la tentative a échoué. Aujourd'hui, une seconde tentative serait sur le point d'aboutir.

    Une communauté de clarisses, contemplatives cloîtrées, accepte de recevoir la femme. Un tollé général en Belgique s'élève contre cet accueil que les adversaires regardent comme une faute inqualifiable. Les adversaires de cette libération conditionnelle rejettent toute forme même atténuée de miséricorde, de pitié, de pardon, peut être.

    La suppression de la peine de mort, largement acceptée et même voulue dans l'opinion, se double de la croyance viscérale que la justice est d'abord une vengeance au profit des victimes. Pour beaucoup de "braves gens" mal éduqués, toute attitude "compréhensive" à l'encontre d'un coupable est une atteinte à cette "nécessaire" vengeance des victimes.

    Bien évidemment, la sanction judiciaire n'est en rien une forme, même "ritualisée" ou "socialisée", de "vengeance de la victime". La victime n'a rien à voir avec la peine. Seul, le crime ou le délit régule la peine qui doit lui être proportionné, et ce, non pas à l'opinion du public, mais du seul juge, qu'il soit professionnel ou jury populaire, se fondant sur une loi pénale écrite.

    La Justice a décidé d'une libération conditionnelle. Nul n'a le droit ni la liberté de contester cette décision de justice. Sauf quelques voies de droit, qui parfois sont d'ailleurs de hasardeuses incursions législatives de la croyance populaire dans l'équité de la Justice.

    L'affaire en question nous semble soulever deux questions. La première question est celle de la participation d'une institution religieuses à l'administration pénitentiaire. Parce que, verre à moitié plein, la liberté conditionnelle est largement du domaine de l'administration pénitentiaire. Les Clarisses vont se trouver, dans une certaine mesure, chargées de l'exécution de la peine. La participation d'une institution religieuse à une tâche essentiellement civile, laïque et associée au pouvoir souverain de l'Etat ne nous semble pas convenable sur aucun plan.

    La seconde question est celle de l'exercice de la charité dans le cadre du christianisme. La condamnée n'a nulle part où aller. Pas de famille, des ennemis terribles et innombrables. Des vengeances mortelles rodent autour d'elle. L'accueil des Clarisses, qui se mettent en difficulté - il faut protéger leur monastère contre les protestations de la tourbe - est tout simplement admirable. Que cet accueil soit une voie de rédemption de la condamnée.

  2. Libération de Michèle Martin : l’émotion ne doit pas prendre le pas sur la justice, par Florence Rault dans le Nouvel Obs' du 27-08-2012 (en local).

    Madame Rault est avocate. Elle ne débat pas de la question religieuse. Elle ne débat même pas de la question de la liberté conditionnelle des condamnés. Elle proteste vigoureusement contre l'atteinte aux principes fondamentaux d'une Justice sereine que constituent les protestations contre la libération conditionnelle de Michèle Martin. Son opinion doit être comprise et partagée.

    Elle profite de l'occasion pour présenter le système législatif pénal français comme une "jungle" épaissie par des lois absurdes, imposées par la pression conjointe de l'opinion publique et des médias. Nous partageons ici son avis.

7 - Les Lettres et les Arts

  1. Cessons de décourager la vocation musicale des enfants, par Murielle Radault - LE MONDE du 23.08.2012 (en local)

    Madame Radault enseigne le solfège, on dit maintenant la formation musicale, dans les conservatoires de musique. Elle est aussi mère d'élèves de conservatoire de musique. Et comme beaucoup de parents, elle est scandalisée par la course à l'abîme qui anime les dirigeants en France de l'éducation musicale.

    Le public des salles de concert s'est réduit comme une peau de chagrin, la pratique amateur des instruments de musique n'a jamais été aussi réduite ni aussi frustre. L'auto-satisfaction règne pourtant dans les milieux de pouvoir de l'enseignement musical.

    Et dans le même temps, la formation professionnelle de musiciens n'a jamais rencontré de difficultés plus importantes. Il n'y a plus d'orchestres pour embaucher les jeunes musiciens. Plus de concerts ni d'organisations de concerts pour permettre d'atteindre un public qui, devant le vide, préfère le DVD ou le streaming et plus souvent encore l'effroyable salmigondis de la musique qu'on appelait autrefois de variétés pour l'opposer parfois à la musique "classique".

    Et Madame Radault n'a pas tort. Mais les conservatoires sont devenus l'un des rares lieux où il existe encore quelques rares postes payés pour des musiciens professionnels. Pour s'en convaincre, il faut étudier le drame de l'intermittence ... quand le pouvoir ne le comprend que comme une charge inacceptable d'assurances sociales.

  2. Qui veut casser l'histoire de France ?, par Jean Sevillia dans Le Figaro du 24/08/2012 (en local)

    Jean Sévilia est un journaliste bien connu et qui a une passion pour l'Histoire. On lui doit plusieurs ouvrages d'Histoire sur les Grands de ce monde et aussi sur le terrorisme intellectuel appliqué par la minorité qui a le pouvoir et manipule l'opinion depuis longtemps. Dans cet article, Jean Sévilia dévoile les marigots boueux dans lesquels l'enseignement de l'Histoire s'est enlisé depuis plusieurs années en France. A la suite d'auteurs spécialisés, il dénonce les agissements d'une équipe qui a travaillé sous la protection de l'ancien maître de Sciences Po' aujourd'hui défunt. Installée par Sarkozy, cette camora n'est pas prête de se repentir.

  3. Genre et SVT, copie à revoir, par Odile Fillod - sur le blog Allodoxia du 15 août 2012 (en local)

    Madame Filliod est ingénieur Centrale, doctorante en Sciences sociales. D'un esprit vif et d'une plume acérée, elle a décidé, dans le domaine des Sciences, de ne pas laisser impunies les imprécisions, les assertions floues et même erronées - si, si çà arrive ... souvent - relevées dans la presse et ailleurs. Ici, c'est à la fois dans les programmes de biologie et dans les manuels scolaires qui les applique que Madame Fillod fait le ménage. Son sujet porte sur la controversée "théorie du genre".

    Je n'ai pas compris toutes les critiques de Madame Fillod, même si, globalement, je me sens assez convaincu de la justesse de ses récriminations. Je note qu'elle conclut en disant :

    ... les principales causes de ces décalages et dérapages ont été la peur de choquer (notamment l'enseignement catholique, qui représente une part non négligeable du marché des manuels scolaires), et surtout leurs propres croyances concernant les effets psychotropes des hormones gonadiques et les différences entre hommes et femmes ...
    Le défi de madame Fillod aurait donc été de mécontenter antant les conservateurs catholiques que les progressistes laïques. Ce n'était pas le plus difficile de sa mission.

    De manière positive, madame Fillod dénonce les erreurs graves des programmes et des manuels concernant la base scientifique des déterminismes hormonaux. Si je la suis correctement, Madame Fillod pense que la détermination masculin/féminin remonte à la psychologie, mais que cette dernière se détermine par la biologie. Du coup, la distance de Madame Fillod avec le déterminisme n'est pas aussi fort qu'on peut le penser. Elle semble ne pas sauter certains "intermédiaires de calcul" qu'elle reproche aux zélateurs de l'Educ' Nat' sur la théorie du genre.

8 - Economie politique mondiale

  1. TUNISIE. Le fascisme vert à l'offensive par Laurent Joffrin dans Le Nouvel Obs' du 24-08-2012 (en local).

    Fascisme vert ? Faut-il que Monsieur Joffrin soit en colère pour sortir cette injure haddokesque ! A quel sujet ?

    Un brave Franco-Tunisien se promenait sagement un soir d'été sur le port de Bizerte avec sa femme et sa fille. Un groupe important de musulmans armés de gourdins et même de sabres le pourchasse au motif que les deux femmes ne sont pas habillées correctement. Les femmes s'enfuient et le brave homme reste seul sous les coups de la foule furieuse.

    Une telle aventure peut arriver à plein de touristes en terre d'islam. D'ailleurs, selon de timides informations, celà arrive souvent. Et personne n'en fait un "fromage". Sauf Monsieur Joffrin pour le Franco-Tunisien dont il s'agit. Ah évidemment, le brave homme n'est pas Monsieur Toulemonde. Il est conseiller général PS. Cà ne se passera donc pas comme çà.

    Faut-il dire aux socialistes qu'ils récoltent en Tunisie comme ailleurs ce qu'ils ont semé ? En fait, ils le savent. Sauf le brave homme de Bizerte. Qui lui n'a pas de vocation géopolitique. Il aime Bizerte et la France et il a bien raison. D'être au PS ne doit pas lui faciliter la compréhension qui manque totalement à Monsieur Joffrin.

  2. De l'urgence de réguler la finance, par Nicolas Baverez dans LE MONDE du 20.08.2012 (en local)

    Monsieur Baverez conclut son article par ce qui est comme le credo de la religion à la mode :

    La finance, qui fut au cœur de l'économie de bulle des années 2000, doit devenir le laboratoire de la régulation du capitalisme universel qui conditionne la survie de la mondialisation.
    La mondialisation telle que les faits historiques nous la montre, est un mouvement de désagrégation des nations fortes. Et la force de ces nations était une idée politique qui fonctionnait comme un affecto societatis. La mondialisation est de l'ordre de la révolution de 1917 ou celle de 1789. Dans ce mouvement historique, la finance se révèle un outil de désagrégation des identités, de sorte que l'affecto societatis des nations devient sans réalité. Il est donc comique de prendre la principale qualité de la mondialisation pour un défaut qui lui serait mortelle alors que c'est sa vie même.

    Ce qui émerge essentiellement, c'est que la déconstruction du monde qu'est la mondialisation conduit inéluctablement deux entités débiles du XX°, la Chine et l'islam, en puissances hégémoniques du XXI° siècle. Et l'une des forces de ces deux entités montantes, c'est de justement être restées à l'écart de la finance de la mondialisation, dont les bas instincts sont strictement sans autre ambition que la destruction..

    Baverez fixe les règles du contrôle - il dit "régulation". Mais les règles de Baverez sont des voeux pieux : garantir la sécurité de l'épargne, contrôler l'instabilité financière, ...Les moyens envisagés sont résolument conservateurs : confier la supervision financière aux institutions qui ont "failli". Or, non seulement ces institutions n'ont pas "démérité", mais avec la "bénédiction irresponsable" de Baverez, elles vont accroître leur maléfice.


Revue THOMAS (c) 2012