Le mur de la laïcité et l'Eglise de FrancePhilippe Brindet - 06 08.2012L'Eglise de France en prière contre le mariage civil ouvert aux couples homosexuelsLa presse - soyons précis, il s'agit du seul Figaro qui ne sait plus comment retrouver son lectorat - s'est fait l'écho d'une prière qui aurait été écrite sous la commande de l'archevêque de Paris et qui, dans des termes qui ne nous sont pas bien accessibles, protesterait sans protester pour éviter de s'associer avec des protestataires d'extrême-droite. L'horreur absolue. La chose ne présentant pas un intérêt majeur. Mais au fait, contre quoi l'archevêque de Paris protesterait ou ne protesterait pas ? Les termes de l'article, peut-être malveillant, semblaient indiquer - mais avons nous bien compris ? - que l'archevêque de Paris ne veut pas du mariage homosexuel. Ce n'est pas très nouveau dans le catholicisme romain et dans le moralisme de droite. Et justement, ce serait le problème de l'Eglise de France. Elle a l'intention de protester contre l'homosexualité et plus particulièrement contre l'exécution de la promesse électorale d'ouvrir le mariage civil aux couples homosexuels, mais sans paraitre de droite ou pire encore. On ne peut que ressentir une grande tristesse en constatant que l'Archevêque de Paris utilise la "prière publique" à la fois comme voie de protestation "démocratique" et comme tactique lui permettant de s'exprimer contre d'autres chrétiens, qu'il tient manifestement pour particulièrement impurs. Il faut souligner que les catholiques traditionalistes commettent d'ailleurs la même erreur que l'archevêque conciliaire de Paris en s'imaginant des membres de droit d'une société unique. Or la société civile dans laquelle les deux partis catholiques vivent, n'est ni intégriste, ni concilaire. Elle est athée et anticatholique. Que le catholique soit "d'extrême-droite" ou un paroissien de Mgr Vingt-Trois, il ne compte donc démocratiquement pour rien. Il serait cocasse que Mgr Vingt-Trois convoqua un grand renfort de peuple pour prier Dieu d'éradiquer les homosexuels ... Mais qui compte t'il prier ? Abraham priait Dieu d'épargner Sodome ... Au revoir Monseigneur. Pourquoi protester contre quelque chose au sujet duquel mon avis n'a aucune importance ?Nous ne nous associerons pas aux mouvements de protestation contre le "mariage homosexuel" pour plusieurs raisons. La raison principale tient à ce que, si nous pensons que le "mariage religieux" est bien une institution religieuse, nous n'avons jamais compris dans le débat civil sur l'homosexualité que ce "mariage religieux" serait ouvert par la "force" de la loi civile aux homosexuels. Mais, nous pouvons nous tromper. Et alors, celà nous ferait bien rire au sujet de la laïcité à laquelle tenait tant l'archevêque de Paris et ses collègues. Or, que l'archevêque de Paris en soit désolé ne change rien à l'affaire. Nous vivons dans un régime républicain démocrate, devenu socialiste depuis quelques mois. Et tout le monde le savait. L'ouverture du mariage civil aux couples homosexuels est l'une des principales promesses électorales du candidat élu depuis. La loi sur l'ouverture du mariage civil aux homosexuels sera votée par le Parlement en temps opportun. Dans la légalité républicaine la plus stricte. La minorité démocratique est soumise à la volonté générale. Les protestations de l'archevêque de Paris, pourtant un parangon des vertus démocratiques depuis toujours, n'y changeront donc rien. D'ailleurs Saint Paul nous a recommandé de demeurer soumis en toutes choses aux autorités civiles. Sauf à adopter une attitude rebelle contre le régime démocratique - ce qui changerait entièrement les données du problème - pourquoi donc protester sauf faiblesse d'esprit ? Il faut signaler ici un danger qui existe depuis quelques années. Il s'agit des lois prohibant les discriminations. Nous ne savons pas dans quelle mesure elles s'appliquent aux institutions ecclésiastiques. On peut penser que l'intégrisme démocratique devrait tenir pour acquis que l'Eglise de France est entièrement soumise à la loi civile. L'ouverture du mariage civil aux couples homosexuels pourrait donc avoir une conséquence pour nous inattendue. Qu'un couple homosexuel étant marié civilement exige la célébration religieuse de son mariage au prétexte que le refus de l'Eglise de France de le célébrer constituerait un délit de discrimination au titre de l'orientation sexuelle ... Je vois mal les tribunaux français et européens leur donner tort. Mais ce n'est pas contre le mariage civil des homosexuels qu'il fallait protester. C'est contre la loi sur les discriminations. Et c'est trop tard. L'Eglise de France ne proteste que pour des raisons tactiquesIl n'y a dans le catholicisme, à notre connaissance, aucun débat religieux au sujet de l'homosexualité. Selon la perspective, il s'agit pour le catholicisme romain ou bien d'un péché mortel ou bien d'une maladie curable par des cures psychanalytiques. En dehors de celà, pas de débat. Mais tout ceci n'est qu'une aparence. L'Eglise de France, comme de nombreuses congrégations catholiques dans divers pays occidentaux, est probablement parcourue par des forces homosexuelles loin d'être marginales. Celles-ci se cachent encore. Mais nous disposons de deux indices sur l'existence de ces forces. Le premier indice est que de nombreux anciens séminaristes témoignent à mots couverts que l'homosexualité est largement répandue dans les institutions de formation des ecclésiastiques. Y compris parmi les porte-étendards de la "rigueur" morale catholique, probablement pour des motivations tactiques. Le second indice se fonde sur la statistique et elle est corroborée par les aspects culturels du culte catholique, réformé depuis le concile Vatican II. "Réformé depuis" et non pas "réformé par", soulignons le dès l'abord. Il existe probablement de deux à trois cents ecclésiastiques pédophiles dans l'Eglise de France. Rapportés aux 15.000 ecclésiastiques, celà indique de l'ordre de 1.500 à 2.000 ecclésiastiques qui exercent des tendances homosexuelles. Cette estimation ne se fonde pas sur des comptages matériels bien entendu. Ils n'existent pas pour la raison simple qu'ils sont illégaux. Mais, nous connaissons les ratios dans de grandes populations. Et il n'est pas difficile dès lors de faire une simple hypothèse de travail. La présence de 10 à 12% d'homosexuels dans une population masculine n'est pas une impossibilité. Si on y ajoute l'homosexualité des moines et moniales, les chiffres devraient se renforcer. Et ce renforcement progressif depuis des années se lit dans les aspects culturels du culte catholique. L'art contemporain promu par l'Eglise de France est actuellement dominé par des artistes ouvertement homosexuels. Les symboles religieux eux-mêmes, depuis cinquante ans, ont été largement revisités sur des thématiques clairement homosexuelles comme la fête, la convivialité, et bien d'autres choses qu'il n'est pas le lieu de détailler ici. Que l'on s'interroge sur la proximité des musiques utilisées dans les liturgies catholiques et celles des artistes homosexuels profanes. Et sur les soutiens affirmés de la hiérarchie catholique à ces mêmes artistes profanes, par exemple lors des affaires Piss Christ, Golgotha Picnic ou "Sur le concept de ...". L'homosexualité ecclésiastique est actuellement cachéeChez les catholiques, on ne parle pas de ces choses-là. Mais, pourtant, l'ancien archevêque de Millwaukee aux USA (Voir nos articles : L'affaire Weakland - Marcoux et Autres réflexions sur la déviation progressiste et l'affaire Weakland) a révélé récemment son homosexualité "native" en publiant ses Mémoires, quelques années après avoir été accusé en justice d'avoir "malmené" un ancien séminariste ou étudiant en "théologie" qui, d'ailleurs, le faisait chanter de 400.000 USD prélevés sur les deniers du diocèse. L'ecclésiastique était à l'époque du Concile rien moins que Supérieur Général des Bénédictins, alors qu'il était, nous le savons maintenant, homosexuel "d'origine". Or, cette fonction est élective et il est impossible que les promoteurs de son élection ne fussent pas au courant de l'homosexualité de Weekland, c'est le nom de l'ecclésiastique. Nous supposons même qu'il s'agissait de la raison principale de son élection. On peut supposer de même que de nombreux postes importants dans l'Eglise sont tenus par des homosexuels qui se cooptent. Le problème des élites catholiques homosexuelles est que la masse catholique, très réduite, de 400.000 à 1 millions de fidèles, est extrêmement soumise au puritanisme. Pour des raisons qu'il n'est pas le lieu d'évoquer ici, la plupart des braves gens ressentent une sorte de répulsion viscérale à l'idée simple de rencontrer un homosexuel. Il en résulte que l'ecclésiastique catholique homosexuel a appris depuis son plus jeune âge à rester cacher. Il peut même militer contre l'homosexualité. Mais, au bout du compte, poussé par l'homosexualisation évidente de la culture contemporaine, l'ecclésiastique homosexuel aura de plus en plus tendance à pousser son mode de vie hors de la clandestinité d'une part et pour se protéger d'autre part, à prendre du pouvoir dans l'Eglise. Rencontrant de plus en plus souvent des hommes ayant le même mode de vie que lui, l'ecclésiastique homosexuel va s'agréger dans de grands ensembles. Ouvrez les yeux et ne jugez pas ! Voilà notre conseil. La question théorique de l'homosexualitéNos lecteurs seraient sûrement très critiques si nous ne prenions pas position sur la question théorique de l'homosexualité. Péché mortel du catéchisme, dans certaines conditions bien précises d'ailleurs, l'homosexualité n'est plus tenue en dehors de l'Eglise pour une perversion sexuelle par la psychiatrie moderne, malgré la résistance désespérée des psychanalystes traditionnels. Or, même si le Catéchisme catholique est gardé en réserve de défense dernière, l'Eglise de France s'accroche avec une sorte de "fureur du désespoir" sur les derniers psychanalystes qui étaient parvenus à s'introduire dans l'Eglise, comme l'allemand Drewermann, alors que l'Eglise catholique avant le Concile avait, il faut le souligner, une attitude extrêmement critique contre les idéologies de Freud, de Jung ou de Lacan. On peut même dire, en prenant le cas de l'affaire récente de la "théorie du genre", que l'Eglise de France prend place parmi les dernières institutions sociales qui se raccrochent à la psychanalyse. Or, la psychanalyse tenait absolument à deux choses :
Ce fut une erreur stratégique parce que les fondements scientifiques de la psychanalyse sont tragiquement erronnés et l'Eglise de France aurait pourtant dû le savoir pour la raison essentielle que la psychanalyse, avant d'être une technique médicale erronnée, était un brulôt anticatholique lancée dans la Vienne catholique des Habsbourg ! Mais les dommages ont été fait. Il n'y a plus à revenir là-dessus. Il subsiste encore la question théologique de la condamnation de l'homosexualité. Nous ne pouvons pas cacher que l'Eglise universelle condamne en termes de plus en plus dramatiques l'homosexualité. Mais, il n'est pas possible de cacher non plus que le substrat théologique est des plus minces et des plus fragiles pour deux raisons. D'abord, le fondement scripturaire est des plus fragiles. On cite plusieurs passages qu'il faut pourtant mettre en contexte avec un état de développement social de tribus très peu évoluées lors de certaines époques particulièrement troublées. D'autres passages sont clairement des apologies de l'homosexualité. Ils servent d'ailleurs aux organisations ecclésiastiques homosexuelles qui sont bien connues. Ensuite, le fait d'établir une législation religieuse antisexuelle a toujours été associé à un état de connaissance de la sexualité tant biologique que sociale très primitif. Ainsi, l'homosexualité est souvent confondue avec le transsexualisme. Elle est même confondue par malveillance parfois avec de simples amitiés qui n'ont rien de sexuelles ou seulement par allusions poétiques. Ce fut le cas de nombreux ecclésiastiques de l'époque médiévale. Il faut reconnaître aussi que le fait de l'homosexualité présente une diversité de situations que la catégorie masque. On comprend ainsi que pendant de nombreuses périodes, l'Eglise catholique n'a pas mené de combat bien rude contre les homosexualités et pour cause. Que l'on n'attende donc pas de nous que nous formulions une "condamnation" de l'homosexualité, ni même un ralliement à la campagne de morale fut-elle "non-de-droite" comme celle de l'Archevêque de Paris nous en dit-on. La laïcité est un murOn voit ici combien la laïcité est un mur contre lequel vient se heurter toute action civile des catholiques en France. La raison en est simple. Toutes les institutions civiles de France sont athées et anticatholiques. La laïcité apaisée exigerait une participation importante des catholiques aux institutions civiles. Par exemple, qu'ils soient majoritaires dans l'enseignement ou dans la Justice. Or, il n'existe aujourd'hui aucune institution civile en France qui puisse se revendiquer en quoi que ce soit en liaison avec l'Eglise de France. Aucune ? Pardon, je me trompe. J'oubliais ... le CFCM. |