Opinions de Juillet 2011

Philippe Brindet - 2 aout 2011

Opinions sur et autour des religions

  1. BERNHEIM G - Une autre voie juive, exercices d'espérance (010711)

    Gilles Bernheim, grand rabbin de France, est une figure extrêmement intéressante. Profondément religieux, il est aussi ouvert sur les grands mouvements contemporains et il croit profondément dans l'intelligence.

    Sa position de maître juif vivant en Europe lui donne une vue particulièrement intéressante concernant les "révolutions arabes", Israël et l'Europe.Dans un article paru dans Le Monde du 1er juillet 2011, Gille Bernheim enseigne que les racines religieuses d'Israel sont les fondations des droits de l'homme. Il en déduit qu'Israël comme premier monothéisme peut apporter beaucoup à la paix dans le monde. Il pense que les autres monothéismes peuvent dialoguer sur la base de cette racine commune qui fonde les droits de l'homme, partagés maintenant dans le monde entier, et oeuvrer ensemble en vue du progrès de la paix parmi tous les peuples.

    La stratégie est intéressante. Mais, hélas, elle n'est pas pertinente. Pour deux raisons que Gilles Bernheim connaît parfaitement, mais qu'il n'aborde pas parce que elles ruinent sa stratégie et qu'un homme doué de volonté veut toujours aller contre les raisons qui contrarient sa volonté. C'est d'ailleurs la grandur de l'homme que de tout faire pour faire même ce qui ne se peut pas.

    La première raison, me semble t'il, c'est que les "droits de l'homme" présentent une formulation pour les gogos et une formulation pour l'élite kantienne (relire Quest-ce que les Lumières ?" de 1793). Ces "droits de l'homme" pour gogos sont simplement une idéologie d'agglutination au profit de cette élite prétentieuse et vaniteuse qui ne tient qu'à une chose : renverser toute religion, la conduire au moins à son point le plus bas, caché, disparu du monde, refoulée dans la sphère privée sous le contrôle de la police, comme le déclare froidement Sarkozy.

    La seconde raison, me semble t'il, vient de ce que les "droits de l'homme" ne sont pas mieux dérivés des religions monothéistes, du judaïsme primordial, que le péché ne l'est de la justice. Qu'est-ce qu'une Justice sans Dieu ? C'est exactement ce que sont les "droits de l'homme" relativement au judaïsme ou au christianisme. Ce que l'on construit sans Dieu est nécessairement une construction contre Dieu et toute construction contre Dieu est destinée à faire périr, puis à périr.

    J'ai l'air de faire la leçon au Grand Rabbin de France, qui , comme je l'écrivais plus haut, n'a besoin de nulle leçon. Mais la "conversion à la démocratie kantienne" est un mouvement de fonds de la plupart des religions. Ce mouvement est partiellement celui du protestantisme du XV° siècle et du catholicisme du XVIII° siècle finissant. Dans les différentes confessions chrétiennes, l'esprit démocratique est devenu incontournable et de plus en plus important, surtout depuis la mise en oeuvre du Concile Vatican II. Le résultat est clair : la religion pourrit de l'idéologie démocratique, parce que cette idéologie est athée et qu'elle pervertiut des concepts qui se trouvent dans les textes fondateurs communs du judaïsme et du christianisme . Et il existe maintenant des catholiques athées et des juifs athées. Ce sont eux qui pourraient s'entendre sur l'idéologie des Lumières.



  2. JACOBY S - How the religious right distorts history (060711)

    Susan Jacoby est une journaliste américaine qui fait profession d'athéisme anticlérical et de progressisme dans un blog du Washington Post qu'elle anime avec un esprit profondément méprisant à l'encontre des religions, en fait contre le catholicisme et tout ce que les protestants ont conservé de commun avec eux. Dans cet article du 7 juillet 2011, Jacoby prend prétexte d'une "cérémonie" de prestation de serment civique pour de nouveaux américains dans la maison historique de Jefferson pour envoyer quelques brûlots contre les politiciens affiliés à une quelconque religion, en fait tous chrétiens.

    Emportée par un déluge verbal d'invectives, Jacoby accuse les politiciens "religieux" - et on sait trop combien leur caractère religieux est modéré - d'ignorance d'histoire des traditions civiques américaines. Elle réfère à un athée du XIX° siècle absolument sans intérêt autre que partisan, Ingersoll, pour "démontrer" que ces politiciens religieux ne savent rien puisqu'ils n'appliquent pas la religion de Ingersoll.

    "Calomnier, il en restera toujours quelque chose", disait celui qui appliqua généreusement son précepte ... Mais c'était en France entre la Révolution d'indépendance et la Révolution française.



  3. GUENOIS JM - À quoi sert le dialogue entre religions (060711)

    Monsieur Guenois, chroniqueur religieux du Figaro, rapporte sur son blog la teneur d'un de ses articles parus dans la version imprimée de son quotidien. Dans ce billet, intitulé "À quoi sert le dialogue entre religions ?" et daté du 6 juillet 2011, Monsieur Guénois note qu'après une première période, démarrant dans les années 70 et dans laquelle on avançait naïvement vers des impasses et des sens interdits - l'image est jolie .. - on entre dans une seconde période avec la nouvelle rencontre interreligieuse d'Assise de 2011, dans laquelle selon le cardinal Tauran, il ne serait pas question de travailler à l'établissement d'une religion mondiale. Selon Monsieur Guénois, on chercherait à "contribuer à une vraie connaissance de l'autre. Ce qui est capital pour la conviavilité des sociétés".

    De qui Monsieur Guénois se moque t'il pour asséner une pareille calembredaine. Les catholiques savent parfaitement ce que sont le judaïsme, l'islam, l'hindouisme, le bouddhisme et les divers paganismes. Quant à ce que les autres religions doivent savoir du catholicisme, nos missionnaires depuis deux mille ans oeuvrent à propager une vraie connaissance de ce que nous sommes et surtout, de ce qui est le plus important, de Celui qui est notre seul Maître.

    Maintenant, si le Pape et ses services administratifs, dénommés la Curie, préparent des opérations diplomatiques, c'est exactement de leur ressort. L'idée d'exposer une critique de cette attitude sous l'étiquette de Mgr Fellay est simplement une manoeuvre classique de déconsidération pratiquée par les socialistes qui consiste à traiter de fasciste tout "ennemi du peuple". C'est lamentablement bas et calomniateur tant pour Mgr Fellay que pour ceux qui voient dans la Rencontre d'Assise des choses positives.

    Comme j'en suis persuadé, Mgr Fellay comme tout catholique, veut simplement dire qu'il n'existe qu'un seul dialogue interreligieux. C'est celui qui amène un homme particulier à se convertir volontairement au catholicisme. Tout le reste n'est que tromperie et blasphème.



  4. PAVONE F - Who is supreme in a nation without God (210711)

    Dans un article du Washington Post du 21 juillet 2011, le Père Pavone, dirigant d'une organisation de prêtres catholiques, Priests for Life, répond à une question concernant le rôle potentiel des athées en politique. Après leur avoir reconnu le droit de se présenter aux charges publiques et de recevoir les votes d'Américains religieux, Pavone souligne que la tradition démocratique américaine est entièrement fondée sur les valeurs chrétiennes.

    ... when we listen to the voices of the Founding Fathers, they acknowledged that this great experiment in self-governance was based on an acknowledgment of God as the source of our life, liberty, and pursuit of happiness. ... quand nous écoutons les voix des Pères Fondateurs, ils nous avertissent que cette grande expérience dans un auto- gouvernement était basée sur la connaissance que Dieu est la source de notre vie, de notre liberté et de notre poursuite du bonheur.
    Sur cette question, le Père Pavone s'oppose directement à l'athéiste militante Susan Jacoby.

    La République française a été fondée sur un mouvement qui est à la fois athée et théiste - l'Etre Suprême de Robespierre et l'athéisme de Chaumette. Mais, la République française est réellement et intrinsèquement athée, un athéisme renforcé par le prétendu principe de laïcité à la française qui permet de dénier toute expression publique au catholicisme. Tout le problème de la laïcité à la française vient de que qu'il faut parvenir à poursuivre l'application de ce principe contre la catholicisme, sans qu'il soit opposable à l'islam.

    Le Père Pavone poursuit son développement en remarquant que les athées sont parvenus à se faire reconnaître comme un mouvement religieux ou ayant les mêmes droits que les religieux. Mais, si Dieu est absent, qui domine sur la vie et les droits humains ?

    La réponse des athées est immédiate : c'est la raison humaine (voir S. Jacoby - ....) La déclaration se trouve dès 1793 chez Kant, dans l'opuscule bien méconnu hélas de "Qu'est-ce que les Lumières". Mais alors que l'autorité supérieure est pour tous les hommes quand il s'agit de Dieu, pour les Lumières, la raison humaine est exercée par une élite extrêmement minoritaire. Et c'est bien ainsi que les athées l'entendent qui veulent priver de droits civiques les religieux parce qu'ils n'adorent pas la Raison.

    Enfin le Père Pavone pose une question sur laquelle il y aurait beaucoup à dire. Si Dieu n'a pas à intervenir dans l'auto-gouvernement - ou bien parce qu'on Lui dénie ce droit ou bien parce qu'on croit qu'Il n'existe pas - qu'est-ce qui viendra limiter le pouvoir du gouvernement ?

    L'athée qui sait que seule une minorité exerce le pouvoir de la Raison, répond froidement "la raison humaine". Et l'Histoire la plus récente nous montre l'action des Khmers rouges dans le Kampuchea démocratique : éradication de 60% de la population en 3 ans. C'est ce que cherche le pouvoir athée sans aucune honte. AInsi, Jonathan Porrit, conseiller du gouvernement britannique de Gordon Brown, estimait qu'à l'horizon 2050, il fallait éliminer 50% des habitants des Iles britanniques.



  5. RAYNAUD J - Quand les juges préservent une Europe chrétienne (260511)

    Julien Raynaud est un enseignant de Droit à l'Université de Limoges. Il rapproche dans un article du Monde du 26 mai 2011 deux affaires jugées par la CEDH contre l'Italie, puis contre la Suisse. Dans la première espèce, la CEDH reconnaît le droit de l'état italien à maintenir des crucifixs dans des bâtiments publics. Dans la seconde espèce, la CEDH valide la loi suisse de prohibition des minarets, entraînée par une votation citoyenne.

    Raynaud considère, à la suite des compagnons de route de l'islam, qu'il s'agit là d'une application du délétère principe "deux poids, deux mesures". Mais, on se sait pas pourquoi des crucifixs présents en Italie depuis plus quinze siècles ont de commun avec l'édification de minarets en Suisse qui n'en compte qu'une dizaine depuis moins de vingt ans.

    Raynaud dit alors deux choses étonnantes :

    1. La CEDH aurait validé la position de l'Italie sur la présence de crucifixs au motif que cette présence n'ayant aucune signification, sa permission n'affecterait pas la nécessaire neutralité de l'Etat, imposée par la Convention européenne. Raynaud écrit exactement :
      ... cette neutralité n'est pas fondamentalement remise en cause par des crucifix jugés en fait quasi-insignifiants.
      En tant que chrétien, on ne peut qu'être révolté par une telle idée, qui agresse les croyants, et est donc elle-même interdite par la même Convention européenne qui interdit qu'un signe religieux soit bafoué. Or, l'arrêt de la CEDH dont il s'agit est l'arrêt Lotsi contre Italie dans les motivations duquel on peut lire exactement le contraire de ce qu'affirme Raynaud :
      Or il est évident qu'en Italie le crucifix est capable d'exprimer, du point de vue symbolique justement mais de manière adéquate, l'origine religieuse des valeurs que sont la tolérance, le respect mutuel, la valorisation de la personne, l'affirmation de ses droits, la considération pour sa liberté, l'autonomie de la conscience morale face à l'autorité, la solidarité humaine, le refus de toute discrimination, qui caractérisent la civilisation italienne.
      Il n'est pas nécessaire de s'interroger sur les motivations anticatholiques de Raynaud qui ne font pas honneur à sa rigueur juridique puisqu'elles lui dictent un travestissement de la lettre d'un arrêt de la CEDH. Mais comme personne ne vérifie les sources des commentateurs anti-catholiques.
    2. Raynaud conclut son article anti-catholique par une pirouette insultant le catholicisme :
      ... l'Europe restera résolument chrétienne, et la liberté religieuse demeurera une liberté potiche…
    3. Comment peut-on dire que la liberté religieuse sera une liberté potiche si l'Europe reste résolument chrétienne si on n'est pas un fondamentaliste anti-chrétien comme Monsieur Raynaud et comment nier être un compagnon de route de l'islamisme si la motivation de l'affirmation selon laquelle l'Europe restera résolument chrétienne se fonde sur l'arrêt validant la prohibition des minarets en Suisse.
    Il ne semble pas que l'esprit juridique soit correctement illustré par l'article de Monsieur Raynaud. Par contre, l'anti-catholicisme radical est illustré par son point de vue partisan. Comment un enseignant payé par l'Etat laïque, fut-il professeur de droit, peut il méconnaître à ce point son devoir de neutralité. Sûrement pas en "dénonçant" une prétendue application du "deux poids, deux mesures".



  6. STEVENS-ARROYO A - Revolutionary Catholics storming modern Bastilles (070711)

    Stevens-Arroyo est un chroniqueur religieux du Washington Post, dans son blog religieux, et qui est d'orientation chrétien progressiste. Son article Revolutionary Catholics storming modern Bastilles est d'une importance capitale.

    Stevens-Arroyo écrit depuis la sphère du catholiscisme progressiste américain. Il est étranger et au monde français et à la chapelle intégriste. Il n'est donc pas suspect d'esprit partisan. Et malgré sa position, il écrit à peu près ce que nous avons souvent écrit :

    If one revolutionary date is special for Catholics, it is not July 4, 1776, but rather July 14, 1789. Unlike the revolt in mostly Protestant American colonies, the French Revolution directly reshaped Catholicism. The storming of the Bastille and the Napoleonic Wars that followed destroyed the feudal system and a thousand years of Catholic privileges. Si une date révolutionnaire est spéciale pour les Catholiques, ce n'est pas le 4 Juillet 1776, mais plutpot le 14 Juillet 1789. A la différence de la révolte dans la plupart des colonies protestantes américaines, la Révolution Française a profondément reconstruit le Catholicisme. La tempête de la Bastille et des guerres napoléoniennes qui suivirent détruisirent le système féodal et mille ans de privilèges catholiques.
    Il y aurait beaucoup à dire sur ces remarques. Mais, dans l'ensemble elles indiquent une chose qui est souvent déniée, ou plus, oubliée. J'affirme même que la révolution, qu'elle soit bourgeoise ou prolétarienne, a été préparée et largement exécutée par les ecclésiastiques et leurs séides. Même Victor Hugo l'a écrit dans son roman historique, Quatrevingt-Treize, avec le personnage du prêtre Cimourdain, préfiguration du commissaire politique de l'Armée Rouge.

    Stevens-Arroyo est en posture du chrétien de gauche qui veut attirer l'Eglise dans les rangs de la Révolution. Il la tient donc actuellement pour une institution réactionnaire, incapable de s'adapter aux révolutions qui se succèdent. Et Stevens-Arroyo considère que la révolution à venir est celle de la "globalization", nous disons plus volontiers la "mondialisation", mais la terminologie est parfois plus subtile. Peu importe ici.

    Stevens-Arroyo dit quelque chose d'assez intéressant :

    A close look at church history shows that Catholic voices are initially on both sides of any issue and only later does one stance prevail. The conservative response, it might be said, is on one side of the coin while an adaptive approach is on the other. Un regard aigu sur l'histoire de l'Eglise montre que les voix catholiques sont initialement réparties sur les deux côtés de chaque affaire et ce n'est que plus tard qu'une version l'emporte. On peut dire que la voix conservatrice est à l'un des côtés tandis que une approche adaptative est de l'autre.
    Stevens-Arroyo cite deux exemples de l'Histoire avec Lacordaire, prêtre "adaptiviste" qui poussait l'Eglise à embrasser le gouvernement républicain en renonçant à un retour sans espoir aux privilèges d'avant 1789, et Pie XII condamnant le communisme et représentant donc la voix "conservatrice" - Stevens-Arroyo ne le dit pas directement,, mais,la chose est apparente de la forme même de son texte.

    Poursuivant ses exemples, Stevens-Arroyo écrit quelque chose de rarement écrit de manière aussi nette par un chrétien de gauche :

    These Catholic alternatives in the modern world culminated in the 1960s with the Theology of Liberation that help tumble dictatorships in Nicaragua and El Salvador, and moved the church to follow the policy of Blessed John XXIII by “opening itself to the left” (meaning Socialism) on the path to world peace. Blessed John Paul II, however, exhibited the opposite direction of slowing down such revolutions. Ces alternatives catholiques du monde moderne culminèrent dans les années 60 avec la théologie de la libération qui aida à la mise à bas des dictatures du Nicaragua et de El Salvador, et mobilisa l'Eglise pour suivre la politique du Bienheureux Jean XXIII en s'ouvrant d'elle-même sur la gauche (signifiant ici le Socialisme) sur le chemin de la paix dans le monde. Le Bienheureux Jean-Paul II néanmoins, montra la direction opposée en freinant de telles révolutions.
    Il est seulement possible de protester sur l'annexion - classique et bien connue en France - de Jean XXIII. Jean XXIII fut le Pape qui convoqua si imprudemment le Concile Vatican II, à la suite duquel le nombre de catholiques pratiquants fut divisé par 10 en cinquante ans Or le camp du progressisme est identique à ce que Stevens-Arroyo définit comme le camp ou la voix adaptiviste - ne dirait-on pas réformatrice ? La bipolarisation caractéristique de la démocratie socialiste - il y a le peuple d'un côté et les ennemis du peuple de l'autre - entraîne évidemment Stevens-Arroyo à classer Jean-Paul II chez les conservateurs.

    Stevens-Arroyo, dans un élan de très bon journalisme, ouvre son analyse du passé sur le futur de Benoît XVI. Malheureusement, comme son analyse est fausse, il méconnait son action et la confond avec les menées de certains ecclésiastiques partisans, Pire encore, il ravale la dimension transcendante du christianisme sous Benoît XVI avec ... l'écologie. On aimerait pouvoir en rire alors qu'il faut en pleurer de honte.

    I interpret Benedict XVI’s pontificate as a step towards fashioning Catholic alternatives on transcendent international issues like the environment, J'interprète le pontificat de Benoît XVI comme une étape vers la formation d'alternatives catholiques sur des affaires internationales transcendantes comme l'environnement, ...
    Stevens-Arroyo devrait avoir honte de lui-même.

    Malheureusement, il ne fait pas une erreur complète. Par exemple, depuis quelques années se dessine un mouvement écologiste ecclésiastique parfaitement illustré par plusieurs documents verbeux de la part d'évêques français par exemple. Mais celà ne signifie en rien que l'Eglise officielle ait le pouvoir de rabaisser la religion de nos pères à une "transcendance écologiste".

    Si Stevens-Arroyo voit avec justesse l'existence de deux courants dans l'Eglise, c'est parce qu'il tient à identifier l'Eglise du futur à une société démocratique socialiste. Or, si la faute majeure depuis deux mille ans des chrétiens est de ne pas se placer dans le monde sans être du monde, selon le formidable texte de Saint Jean - que plus personne ne lit depuis le Concile Vatican II parce que son interprétation majoritaire a rendu Saint Jean incompréhensible - cette faute majeure transforme immanquablement l'institution humaine que l'on dénomme l'Eglise catholique romaine en une société bipartisane, plus généralement, en une mauvaise copie de la société civile, une pale copie du monde.

    Mais l'Eglise n'est absolument pas réduite à l'erreur que l'on en fait. Elle dispose d'une force transcendante qui la tient à l'abri du monde, alors qu'elle est dans le monde. Et cette force transcendante, c'est Jésus, notre seul Maître, Celui qu'inlassablement depuis saint Pierre, Benoît XVI désigne ou bien comme Celui qui a les Paroles de la Vie Eternelle ou bien comme Celui qu'il aime.

    Stevens-Arroyo reste parfaitement étranger à cette transcendance et continue à racoler les égorgeurs qui découpent en morceaux les Launay des modernes Bastilles. C'est lamentable. Mais capital.



  7. STEVENS-ARROYO A - How will Catholics approach immigration reform (140711)

    Stevens-Arroyo commente ici l'actualité américaine concernant la lutte contre l'immigration clandestine. On a autant de mal à comprendre la situation aux Etats-Unis qu'en France et aussi bien de la part des Administrations que des dirigeants catholiques.

    Toujours est-il que la défense des immigrés qu'ils fussent ou non clandestins, semble unir les chrétiens de gauche et la hiérarchie catholique que ces mêmes chrétiens de gauche, avec Stevens-Arroyo par exemple, accusent de conservatisme.

    Stevens-Arroyo semble louer les évêques américains de mobiliser les catholiques pour la cause des immigrés, même de manière symbolique.

    Symbolic support often influences non-Catholics and independents who are thus reminded that some political issues are relevant to an ethical society. In that sense, it is important to choose a proper set of religious symbols in expressing support, ... Un soutien symbolique influence souvent les non-catholiques et les indépendants qui se voient ansi rappelé que certaines affaires politiques relèvent d'une société éthique. En ce sens, il est important de choisir un jeu convenable de symboles religieux en exprimant un soutien ...
    Ici aussi, on ne peut qu'être confondu par la duplicité du progressisme catholique illustré par Stevens-Arroyo, qui jette ainsi une lumière crue sur les manoeuvres inavouées des évêques quand ils lancent les bataillons de bigots à l'appui des immigrés principalement pour se faire bien voir des Stevens-Arroyo. Mais, il n'y a aucune réalité religieuse, seulement l'utilisation blasphématoire de "symboles religieux" pour de la communication politique.

    Ceci dit, il faut bien reconnaître que la question de l'immigration est une question maudite. Les pires mondialistes qui prônent la libre circulation sont généralement responsables des pires chasses à l'homme après les immigrés, clandestins notamment. Un peu comme si la libre circulation était réservée aux riches hommes d'affaire de la mondialisation et interdite aux pauvres.

    Dans le même temps, ceux qui, au nom d'un "jeu convenablement choisi de symboles religieux" comme l'écrit sans pudeur Stevens-Arroyo, cherchent à favoriser par tous moyens l'accès des immigrés à la société de la surconsommation, clament leur dégoût de cette même société.

    Il s'agit donc probablement d'un débat de société dans lequel le "jeu" est radicalement faussé. Qui apporte son soutien et qui ne l'apporte pas peut être également suspecté. C'est bien sur cela que jouent ceux qui s'engagent en faveur de l'immigration au nom d'un "jeu convenablement choisi de symboles religieux".



  8. STEVENS-ARROYO A - Culture wars and Catholic culture (220711)

    Stevens-Arroyo fonctionne comme tous les socialistes : par haine.

    Catholicism has learned to hate nationalism and embrace culture. Le catholicisme a appris à haïr le nationalisme et à embrasser la culture.
    Si le catholicisme apprend quelque chose ce ne peut être que de son seul Maître Jésus, et que je sache, notre Maître ne nous a pas plus appris à haïr le nationalisme qu'à embrasser la culture. Par contre, Il nous a mis en garde contre les beaux parleurs qui chargent les autres de lourds fardeaux qu'ils ne nous aident pas à soulever même du bout du doigt.

    Stevens-Arroyo utilise la phraséologie maladroite des hiérarques catholiques, souvent animés des meilleurs sentiments, mais manipulés par des "experts", généralement ecclésiastiques, entièrement acquis aux idées des Lumières. Il en résulte qu'un chrétien progressiste comme Stevens-Arroyo n'a qu'à piocher, quasi à l'aveugle, dans cette lamentable littérature pour en retirer des "pépites" en faveur de la révolution socialiste. Les mots et les formules sont identiques et de mêmes formes. Une fois éventée l'odeur d'encens que garde toujours ce genre de discours, un socialiste peut quasiment recopier le texte, ce dont Stevens-Arroyo ne se prive pas.

    L'avantage de la manoeuvre, c'est que les opposants affirmant leur fidélité à l'Eglise, se voient opposer une contradiction au sujet de laquelle ils s'épuisent à répliquer dans une défense maladroite.

    Utilisant la magie verbale, Stevens-Arroyo illustre ce propos :

    Injecting Gospel values into cultural celebrations, on the other hand, brings the Church closer to people, strengthening their faith in each other and in God. L'injection des valeurs de l'Evangile dans des célébrations culturelles, d'autre part, place l'Eglise plus près des gens, renforçant leur foi les uns dans les autres et en Dieu.
    Le terme de "célébration culturelle" est bien obscur. Mais chacun pourra y mettre ce que bon lui semble, depuis la messe jusqu'à un concert rock. L'"injection de valeurs de l'Evangile" fleure bon le sermon du curé progressiste que l'on entend immanquablement le dimanche en roupillant à demi. Renforcer la foi des gens fit tellement "évangélisation" et la foi les uns dans les autres, fait tellement convivial qu'on se demande d'un seul coup ce que vise Stevens-Arroyo en parlant de foi en Dieu.

    Stevens-Arroyo remonte à Pie IX et l'histoire de l'Italie moderne qu'il raconte largement à faux. Il va même remonter aux premiers temps du Christianisme. L'Histoire a ceci de facile que, quand vous avez défini un vocabulaire décrivant votre idéologie, tous les faits de l'Histoire que vous raconterez avec ce vocabulaire vous sembleront appuyer votre idéologie. C'est le talent de Stevens-Arroyo d'utiliser le même vocabulaire que les ecclésiastiques pour dire des choses qui vont dans le sens de son progressisme.

    Stevens-Arroyo écrit ensuite sur le Concile Vatican II ce que l'on pouvait attendre de lui :

    We can rejoice that the II Vatican Council addressed culture for the Church in the modern world (Guadium et Spes). No longer fearing the erosion of orthodoxy on account of confusion of translation of Latin texts as had been the case at the Council of Trent in the 16th century, the Second Vatican Council also restored the liturgy to the language of the people as it had been in the time of the Apostles. ... As at Pentecost, each American Catholic hears the word of God in his or her own language. It is what the Holy Spirit ordered: a multicultural Catholic Church. Nous nous réjouissons que le Concile Vatican II se soit intéressé à la culture pour une Eglise dans le monde moderne (Gaudium et Spes). Ne craignant plus l'érosion de l'orthodoxie à cause de la confusion des traductions des textes latins comme celà avait été le cas du Concile de Trente au 16° siècle, le Concile Vatican II restaura aussi la liturgie dans le langage des gens comme c'était au temps des Apôtres .... Comme une Pentecôte, chaque catholique américain entend la parole de Dieu dans sa propre langue. C'est ce qu'a ordonné le Saint Esprit : une Eglise catholique multiculturelle.
    Le "discours" de Stevens-Arroyo est absolument incontestable par un bigot. Ce dernier entend les mots religieux qu'il entend toujours répétés à l'église et à la télévision, qu'il lit toujours dans la presse pieuse et dans les journaux anti-catholiques. Il est ainsi livré sans défense, à l'insu de son plein gré, aux manipulations d'opinion qui le rende à son corps défendant un soutien actif de la révolution progressiste.

    C'est une immense victoire du progressisme, non pas d'avoir imposé des textes, au Concile Vatican II, mais surtout après le Concile, mais d'avoir imposé un vocabulaire qui est ensuite utilisé à l'écoeurement pour imposer des actes aux fidèles, des actes gravement en opposition avec la vraie foi. Et c'est la cause de la disparition accélérée des fidèles et des prêtres, maintenant beaucoup trop nombreux pour le nombre de fidèles restant. Quand une personne de bon sens n'a pas été exposée à l'enseignement de l'Eglise d'avant le Concile, les mots ecclésiastiques qu'elle entend réfèrent à des idéologies stupides et qui font double emploi avec ce qui se trouve dans le monde,. Cette personne quitte immédiatement l'Eglise dès qu'elle se rend compte de la viduité du discours progressiste.

    J'en suis absolument désolé pour le Pape Benoît XVI et pour les ecclésiastiques de bonne foi de l'Eglise concilaire. Mais, leur éloignement du mouvement historique de l'Eglise dans le Monde, leur ignorance de l'état dans lequel les choses sacrées parviennent encore aux fidèles à cause justement de la traduction-trahison des mots mêmes de la foi renouvelés par le malheureux Concile Vatican II, traduction-trahison imposée par "la" culture du monde, les rend probablement pour longtemps incapables de réagir vigoureusement, malgré toute leur bonne volonté.

    Je sais bien que l'infestation démocratique de l'Eglise fera qualifier cette appréciation d'"intégrisme", de "lefèvrisme" ou que sais-je encore. Mais les faits sont là. Les églises concilaires - je veux dire tenus par des prêtres entièrement acquis à l'interprétation progressiste du Concile Vatican II, interprétation contre laquelle Benoît XVI lutte de toutes ses forces - sont vides de gens jeunes. Ils ne subsistent que des personnes âgées qui étaient jeunes au temps du Concile ou sont nées peu après. En effet, à la fin du Concile s'est formée une tradition "progressiste" qui dégénèrait de la tradition juste. Mais, les jeunes amenés par leurs parents perdus ne restent pas. Le dernier lamentable catéchisme avalé, ils disparaissent des églises s'ils les ont jamais fréquentés. Et ils ont raison parce que les progressistes ont vidé le contenu de la foi.

    Je sais un gré infini aux divers intégrismes. Malheureusement, sauf au pemier niveau de la liturgie, celui que l'on perçoit lors de l'assistance aux messes du rite extraordinaire admis par Benoît XVI le 7 juillet 2007, au grand dam des progressistes qui pourraient ne pas s'en relever, ils n'ont peut être pas compris que la seule voie des chrétiens est d'aimer le Pape et de le respecter. Le critiquer de manière modérée, mais l'aimer.

    Et le Pape n'est pas comme un chef de troupes spéciales qu'il mènerait à la gloire de la mort en service commandé. Un tel chef doit être d'une dureté absolue. Le Pape est celui qui répond au Seigneur : "Seigneur, tu sais bien que je T'aime". Le Pape comme Saint Pierre peut sembler renier le Christ à la veille de sa Passion. Mais nous devons l'aimer, parce qu'il pleure amèrement son reniement. Et c'est pour celà que nous devons l'aimer. Parce que Benoît XVI pleure avec son bon visage souriant. Il pleure la perte des choses sacrées dans l'Eglise. Jean-Paul II avait strictement la même attitude qu'il révèle dans sa dernière Encyclique "Ecclesia de Eucharistia vivit" qui a évidemment influencé Benoît XVI quand il a institué le rite tridentin jamais arrêté en rite extraordinaire.

    La virulence des querelles - mot bien faible hélas - dans l'Eglise me pousse à commenter l'idée que Benoît XVI ou l'un de ses prédecesseurs depuis la convocation du Concile aurait renié le Seigneur. Certains, acquis à ce jugement, ont même décidé que les Papes sont devenus des "usurpateurs". Rien n'est plus étranger à mon jugement. Plus encore, peut-on juger le Pape quand on est un catholique ? Oui et non.

    Le non vient de ce que à la fois le chrétien ne doit pas juger autrui pour ne pas être jugé lui-même par Dieu et que le Pape doit être aimé et pas jugé. Le oui vient de ce que, si la personne ne doit pas être jugée, un acte précis ou une parole déterminée peut être estimée par un chrétien. Mais quand il s'agit d'un acte ou d'un propos du Pape, des précautions spéciales doivent être prises. Le Pape est placé dans une situation dans le monde et dans l'Eglise qu'il ne partage avec personne. Il considère l'ensemble des situations de l'Eglise et du monde à un instant donné, quand les chrétiens, fussent-ils certains de leur position, ne se trouvent placés que dans leur place modeste, partielle, assurés de ne voir qu'un aspect du paysage.

    J'étais contraint de faire ici cet aparté.



  9. THISTLETHWAITE SB - When Christianity becomes lethal (250711)

    Madame Thistlethwaite est un pasteur unitarien américain, enseignante de théologie. Son adhésion au radical-progressisme est total. Avec une rouerie sans pareille, elle agite avec grâce et distinction le mépris et la dénonciation des idées que le progressisme tente d'éradiquer à défaut de ne parvenir à éliminer ceux qui les professent.

    L'idée de base du pasteur est que Dachau et Auschwitz sont provoqués par le christianisme d'extrême-droite, nazi.

    Elle écrit donc un article dans le Washington Post du 25 juillet 2011, intitulé When Christianity becomes lethal, soit "Quand le christianisme devient léthal". Elle écrit :

    I believe that certain theological constructions of Christianity "tempt" individuals and groups to violence; combined with right-wing political ideologies, these views can give a divine justification to the use of lethal force. Je crois que certaines constructions théologiques du christianisme "induisent en tentation" des individus et des groupes pour de la violence ; combinées avec des idéologies politiques de droite, ces vues donnent une justification divine à l'utilisation d'une force léthale.
    Pouvoir désigner clairement l'ennemi, telle est la stratégie de base du radical-progressisme. L'idée que ces mêmes vues combinées avec des idéologies politiques de gauche puissent être mortelles ne doit pas venir au lecteur du progressisme pasteurisé. Ce ne serait pas convenable.

    Afin que les choses soient parfaitement claires, la théologienne pasteurisée écrit encore :

    When I consider the theological perspectives that "tempt" some Christians to justify hatred and even violence against others, ... , the following perspectives seem especially prevalent: 1) making supremacist claims that Christianity is the "only" truth; 2) holding the related view that other religions are not merely wrong, but "evil" and "of the devil"; 3) being highly selective in the use of biblical literalism, for example ignoring the justice claims of the prophets and using biblical texts that seem to justify violence; 4) identifying Christianity with a dominant race and/or nation; 5) believing that violence is divinely justified to "cleanse" or "purify" as in a "holy war"; and 6) believing the end of the world is at hand. Quand je considère les perspectives théologiques qui "induisent en tentation" certains chrétiens pour justifier une violence haineuse contre les autres, ... , les perspectives suivantes semblent particulièrement prévalentes : 1) faire des affirmations suprématistes que le Christianisme est la "seule" vérité ; 2) soutenir le point de vue corrolaire que les autres religions sont non seulement erronnées, mais "sataniques" ; 3) être fortement sélectif dans l'utilisation de termes bibliques, par exemple en ignorant les appels à la justice chez les prophètes et utiliser des textes bibliques qui semblent justifier la violence ; 4) identifier le christianisme avec une race et/ou une nation dominantes ; 5) croire que la violence est divinement justifiée pour "nettoyer" ou "purifier" lors d'une "guerre sainte" ; et 6) croire que la fin du monde est proche.
    Les six assertions ne sont pas forcément fausses. Mais leur association est spécieuse. Je pense qu'elles permettent d'incriminer presque n'importe qui au moins une fois. On a de plus la désagrable impression de lire un décret de police contraignant les enfants à dénoncer leurs parents déviants. C'est vraiment une attitude de flic socialiste, comme l'était la Gestapo.

    Le reste de l'article de Thistlethwaite tente de placer parmi les nazis tous ceux qui protestent contre la progression de l'islam, la mondialisation, le pouvoir de l'Union européenne ou le multiculturalisme. Si après celà, vous n'avez pas compris ce qui est interdit, Madame Thistlethwaite a préparé pour vous des camps d'élimination. Ils existent depuis des années. Soljenitsyne dans les années 50 les appelaient "le Goulag". Plus personne ne sait plus que çà existe.

  10. WILLS G - Scientologists, Catholics and More Money Than God (210711)

    Il semble que Wills soit un écrivain américain qui donne ici un article particulièrement perfide à l'encontre du catholicisme dans les colonnes du New York Times du 21 Juillet 2011. Dans cet article intitulé Scientologists, Catholics and More Money Than God, Wills se livrerait à la recension de deux ouvrages récemment parus l'un sur la Scientologie et l'autre sur les finances du catholicisme romain. La mise en regard des deux ouvrages est un choix personnel évident de Wills qui semble en tirer la conclusion que le catholicisme et la scientologie sont des religions pourries par l'argent.

    N'ayant que très peu de raisons de participer au rayonnement de la scientologie, je me bornerai à dire que la recension de Wills de l'ouvrage sur la scientologie fournit de très bons éléments à charge contre la scientologie. Je ne sais pas s'ils sont réellement dans l'ouvrage recensé, ni même s'ils sont vrais, je me bornerai à constater que la lecture de la recension de l'ouvrage suivant sur les finances du catholicisme romain doivent ravir les mâchoires des ennemis du catholicisme.

    Wills retourne un paquet d'affaires qui ont agitées à la fois le catholicisme américain et le Vatican de sorte que la plupart des autorités catholiques semblent chacune personellement mise en cause dans les affaires célèbres de pédophilie. Quel lien avec l'argent et l'Eglise catholique ?

    La première chose serait que depuis toujours, la papauté aurait cherché à masquer son lien avec l'argent mal acquis par la torture, l'extorsion de fonds, le racket des princes séculiers ou ecclésiastiques, le trafic de "prétendues indulgences", etc.

    La seconde chose serait que l'Eglise traiterait avec le même mépris la transparence exigée d'elle au sujet du traitement des affaires de prêtres abuseurs, pédophiles notamment, et permi eux le Père Maciel qui était si avant dans les bonnes grâces de Jean-Paul II. Et ce traitement défaillant de la justice et de la finance ne seraient pas sans lien, puisque ces affaires de pédophilie et autres débouchent sur des indemnités énormes qui contraignent l'Eglise catholique à réaliser son actif caché en vendant dans des "conditions obscures", selon Wills, des églises et autres biens fonciers au mépris de la volonté du peuple qui veut souvent garder ses églises qui sont vendues sans son accord.

    Bien.

    On aurait été intéressé par des informations sur le rôle du Belge Jean Jadot qui a fait nommer les pontifes américains qui sont maintenant mis en cause dans les abus sexuels, ou bien par leur compromission ou bien par leur protection. Mais Wills n'en dit rien. Pourtant, bizarrement, l'ouvrage dont il fait la recension présenterait son successeur Laghi. C'est intéressant de parler de Laghi et pas de Jadot.

Opinions autour de l'économie

Trois articles traitent de ce que tout le monde n'appelle pas la crise de l'euro, deux articles parlent de la démondialisation et quatre articles traitent de l'étatisme ordinaire.
  1. SEN A - 'L'euro fait tomber l'Europe (030711)

    Amartya Sen est un Indien américanisé, professeur d'économie politique à Harvard et Cambridge, Prix Nobel d'économie en 1998, président honoraire de l'organisation d'extrême-gauche britannique Oxfam, très impliquée en faveur du réchauffisme climatique et qui a participé à la formidable surévaluation des coûts de reconstruction d'Haïti après son tremblement de terre de l'an passé. Dans son article, il commence par référer à trois activistes marxistes italiens. Le reste de l'article est du même tonneau. Son article en anglais est traduit et publié dans les colonnes du Monde du 3 juillet 2011.

    Partant de l'analyse marxiste stalinienne de la première moitié du XX° siècle, il n'est pas étonnant que Sen puisse écrire :

    C'est pourquoi il est très affligeant que l'on soit aussi peu inquiet du danger qui menace aujourd'hui le régime démocratique de l'Europe, lequel se manifeste insidieusement par la priorité accordée aux impératifs financiers.
    Illustrant combien la science économique peut être au service de l'idéologie marxiste, trente ans après l'effondrement de l'empire marxiste soviétique et la conversion des maoïstes à l'économie capitaliste d'Etat, Sen ne propose aucun mécanisme explicatif de la crise, à la différence d'un certain Joseph Staline qui écrivait dans les Cahiers du Communisme en 1932 des choses sur la crise économique occidentale qui n'étaient pas aussi irréalistes que ce que Sen récite servilement.

    Sen, comme beaucoup de socialistes, est outré que des financiers puissent dicter leur loi au peuple. Il "exige" donc que les agences de notation soient entre les mains des politiciens et pas des entreprises privées. Comme il s'agit en réalité de noter la performance économique de l'Etat, rien de tel en effet que l'Etat pour savoir ce qui est bon ou mauvais. Staline y aurait nommé la fille de son chauffeur. Sen veut nommer le député amant de sa fille. C'est une pratique courante chez les démocrates comme Pol Pot.

    En fait, je n'ai plus envie de commenter le torrent d'absurdités convenues de Monsieur Sen, riche à millions de milliasses, au moins des revenus Nobel, et qui se moque du monde avec une incompétence économique ou de quoi que ce soit, totale et confondante.



  2. BOISSIEU C de - Quatre mesures pour sauver l'euro (210711)

    Monsieur de Boissieu est une autorité dans le petit monde de la petite économie française. Son ton assuré, promené depuis vingt ans à la télévision, avait ce petit air sympathique des économistes français avec le petit oeil rusé à la Raymond Barre, masqué par un sourire de contentement de soi. Malheureusement, Monsieur de Boissieu vient de cosigner un article avec Joseph Stiglitz et d'autres collèges français qui, à mon point de vue, vient d'éliminer la réputation de la caste des économistes dans notre pays. La réponse de l'économiste Phelps (voir notre recension d'Opinions du mois précédent) est un constat de leur mort cérébrale.

    Monsieur de Boissieu partage l'autorat de son article paru dans les colonnes du Monde du 21 juillet 2011 avec un autre économiste réputé Lorenzi. C'est une manie de se mettre à plusieurs pour rédiger des opinions. Illustrer le fameux consensus pour affirmer qu'on a évidemment raison puisqe "tout le monde" pense pareil. "tout le monde" n'est évidemment pas n'importe qui. Il ne peut s'agir que d'un autre ou de plusieurs autres spécialistes munis du rassurant harnachement universitaire, avec médailles et palmes que le monde entier nous envie.

    Pourquoi MM de Boissieu et Lorenzi tiennent-ils tant à "sauver l'euro" ? Qu'est-ce qui se passerait si "on" ne sauvait pas l'euro ? qu'est-ce qui menace l'euro ? Voilà des questions auxquelles nos auteurs ne répondent pas. Ils se contentent de dire : "La situation est grave pour l'Europe, mais aussi pour le reste du monde." Ce 'est pas très scientifique. Marat pouvait dire la même chose pour obtenir la tête de n'importe qui. Effrayés, le conventionnels votaient la mort et on n'en parlait plus.

    Pour rechercher des motivations à nos auteurs, quelles sont ces 4 mesures :

    1. Interdire aux agences de notation de semer la panique sur les Etats en difficulté et en charger le FMI de Madame Lagarde : l'idée de base est que si vous avez la fièvre, autant cacher le thermomètre pour croire être bien portant et montrer au malade une photocopie d'un vieil enregistrement.
    2. Faire savoir qu'"on" a racheté de la dette souveraine de la Grèce pour limiter la spéculation à la faillite : Bonaparte savait déjà parfaitement jouer de cette fantaisie poétique avec Louis et Mollé.
    3. "il nous faut un chef des forces économiques de la zone euro capable de réagir heure par heure" ... J'ai hésité à résuler cette formule. elle évoque le Duce, le Lider Maximo, le Sauveur qui nous conduit par la main vers les verts pâturage. De la Science, vous dis-je !
    4. "annoncer que la zone euro émettra des euro-obligations (eurobonds) permettant de disposer d'un trésor de guerre pour s'imposer face à une spéculation brutale" : que l'idée de posséder un trésor de guerre doit faire vibrer les braves gens qui disposent de 600 euros pour finir le mois, et en plus d'un euro qui pourrait ne plus rien valoir dans deux jours !... Enfin,c'est toujours un truc de comm' ! Il suffit de le dire avec l'autorité de l'Etat que le monde entier nous envie.
    En fait, nos économistes sont vraiment des professeurs. Il suffit de parler et tout le monde s'incline en vue d'avoir une bonne note à l'examen de fin d'année. Et si on n'a pas tout bien compris, on repassera en Septembre. Allez, ce n'est pas si grave que çà, la crise de l'euro ...



  3. SALES E - Stabilité de l'euro, la nécessité (050711)

    Avant d'être une zone monétaire, l'euro est un système moral.
    Voilà comment Monsieur Sales, sous le patronnage de la Fondation Robert Schumann, commence son article. Il faut dire que Monsieur Sales est Normalien, agrégé de philosophie. En parcourant son article, dont je dois reconnaître que je n'ai pas tout suivi, je me suis demandé si Monsieur Sales ne se moqait pas du monde. Mais après tout, c'est son opinion ...

    Monsieur Sales est tellement content de sa formule qu'il la recopie six paragraphes plus loin. Puis, il fait montre d'un cynisme à peuine croyable.

    Avec l'euro, chacun est, en théorie, assuré d'être ... "rempli de ses droits". L'euro repose sur l'idée simple et de bon sens que chaque Européen ne peut puiser des richesses sur le marché "qu'à concurrence de celles qu'il y versera".
    Et après, Monsieur Sales interdit aux éditorialistes du Financial Times de qualifier l'euro de pyramide de Ponzi ... La chose que Monsieur Sales ne dit pas c'est que l'Européen qui "ne peut puiser des richesses sur le marché", ce n'est ni vous ni moi. Ce sont les Etats qui sont européens, Pas nous. Nous n'avons aucun droit à puiser des richesses sur le marché si ce n'est l'Etat. Voilà la grande tromperie de la monnaie unique ou commune. Ils nous ont supprimé la monnaie et ils se la sont réservé.

    Dans ce cynisme que Monsieur Sales partage avec tous les euroïstes, il faut bien un tondu. Ce sera donc l'épargnant :

    L'épargne est le fondement de la stabilité monétaire. L'épargne des ménages constitue l'autre clé de la stabilité monétaire.
    C'est donc notre "argent" qui est bien entre les mains des Etats européens de la zone euro et qui constitue la masse de manoeuvre que ces Européens, pas nous, utilisent pour assurer leur puissance. Et la stabilité de l'euro ce n'est pas un effet d'équilibre des marchés monétaires, c'est l'action brutale de spoliation de l'épargne par l'Etat. Et dire que certains se croient propriétaires ...

    Il est clair que l'euro est un outil monétaire qui permet à l'Etat d'ouvrir ou de fermer à volonté l'accès de l'épargnant à son épargne liquide, assurances vie, placements financiers, actions ... Pratiquement, l'Etat peut s'entendre avec ses partenaires pour bloquer totalement la situation financière en décidant de la disponibilité ou non des euros en circulation. Plus personne ne peut alors vider son compte. Le montant épargné est alors entièrement mobilisable par l'Etat, le seul Européen dans l'affaire.

    Depuis l'introduction de l'euro, les prix de l'alimentation ont, selon les pays, été multipliés par 2 à 5. Le Logement par 3 à 10. Est-il possible d'en dire plus contre la "stabilité" de l'euro ?

    Monsieur Sales découvre depuis 2007 quelque chose que beaucoup d'adversaires de l'euro ont dit avant lui :

    La crise globale ouverte en 2007 doit plutôt être mise à profit pour renforcer les fondements de l'euro que sont la confiance, qui nous oblige à vivre et à nous mouvoir dans un espace commun ...
    L'euro est un système très peu monétaire qui consiste à contraindre les citoyens à vivre dans un espace commun supprimant les particularités nationales. Ce système est si peu monétaire qu'il revient à priver le particulier de monnaie pour le laisser esclave entre les mains de l'Etat qui est le seul à avoir les instruments de manipulation de la monnaie en utilisant directement l'épargne privée hors impôts.



  4. WERREBROUCK JC - Démondialisation et préférence nationale ne sont pas synonymes

    Monsieur Jean-Claude Werrebrouck est présenté par Le Monde comme membre fondateur de l'association Manifeste pour un débat sur le libre-échange. Son article est paru dans l'édition du 07.07.2011. Nous n'avons pas recherché quel est l'objet de son association, mais son positionnement ne semble pouvoir être qu'en opposition au libre-échange.

    Notre auter affirme :

    La mondialisation authentique supposerait l'affaissement de tous les Etats et la naissance d'organisations de régulation planétaire, donc complètement a- nationales. Force est de constater qu'il s'agit d'une utopie ...
    Les Etats ne se sont-ils pas sensiblement "affaissés", peut on se demander. Tous, certainement pas. Mais de nombreux Etats n'ont plus la souveraineté caractéristique d'avant le début de la mondialisation. La France n'est plus libre de distribuer les produits alimentaires de sa tradition. Elle doit se soumettre, même sur son territoire, à des normes imposées par des institutions que l'Etat français ne contrôlent en rien, ni pas participation, ni par vote. Des institutions de régulation planétaire existent sous une certaine forme comme la BCE dans laquelle banque les Etats n'ont sûrement pas tous leurs mots ou leurs maux à dire. Monsieur Trichet n'a pas pris une seule mesure qui ait favorisée la France, son Etat d'origine. Et il est clair que son successeur agira de même avec son Etat d'origine, l'Italie.

    Notre auteur affirme ensuite :

    Démondialiser consiste à prendre conscience que ce qui s'avère être une fausse mondialisation est une impasse pour l'humanité tout entière. Les déséquilibres majeurs qu'elle entraîne doivent être corrigés, non pas par une fermeture inacceptable et le climat d'agressivité mimétique qu'elle peut entraîner. Il s'agit, à l'inverse, d'introduire l'idée que les échanges entre nations doivent être équilibrés.
    Je ne pense pas qu'un déséquilibre majeur puisse se corriger par une mesure autoritaire. S'il est majeur, le déséquilibre est intrinsèque au système d'équations qui décrivent l'état du système. Il n'y a que deux solutions :
    1. Réduire la complexité du système jusqu'à ce que le déséquilibre majeur disparaisse, puis, le cas échéant recomplexifier le système en surveillant la réapparition du déséquilibre avant qu'il ne soit majeur ; ou
    2. Forcer des paramètres de contrôle du système économique jusqu'à identifier ceux qui provoquent de manière majoritaire le déséquilibre et les limiter ou les contrôler par une rétroaction négative.
    Notre auteur est bien loin de ces vues et peut être a t'il raison d'en rester éloigné. Mais les raisons qu'il donne sont loin d'être convaincantes, parce que sa motivation est essentiellement moral et si on ne fait pas de l'économie contre la morale, il n'est pas possible d'en faire avec !...

  5. LELLOUCHE P - La fable de la 'démondialisation' heureuse (060711) LIRZIN F - La finance peut-elle être au service de l'intégration européenne (110711) KLEIN E - The dangers of being wrong on Keynes (190711) RIOUFOL I - Moins d'Etat sauvera les Etats de la faillite (130711) WEINBERG S - Lumières sur l'imposition des sociétés (180711)

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Revue THOMAS (c) (2011)