Les libres Opinions et l'opinion publique - Mars 2011

Philippe Brindet
17 avril 2011

Le mois de mars 2011 est marqué par des controverses animées de manière à orienter l'Opinion publique. C'est le rôle de la presse et des "intellectuels". Islam, anti-christianisme, interventionisme démocrate-socialiste, voilà les principales manipulations en cours.

Affaires colonialistes

Nous avons déjà dit combien nous pensons que les "interventions" des Occidentaux dans les Etats islamistes étaient incapables. Leur déroulement le démontre chaque jour. Mais, que de déclarations de "principe" ne nous gratifions nous. L'idée de base est celle du colonialisme. La "démocratie" est universelle et l'Occident qui en est le maître doit la faire régner partout par la "justice onusienne" et la "police américaine" ...

Mais que lit-on donc ces temps-ci sur cette question ?

Monsieur Badiou - si quelqu'un l'ignorait encore - est l'un des deux ou trois phares de l'intelligence du monde. Son petit sourire satisfait, les courbettes que lui décernent ses adorateurs, tout le conduit à le croire lui-même.

Son article paru dans Le Monde du 18 février 2011, au ton inutilement ridicule - les auteurs médiocres et inconnus comme l'auteur de ces lignes devraient suffir à illustrer le genre - présente cependant deux intérêts. Le premier intérêt est de flanquer un coup de pied de l'âne à un autre "phare de la pensée" que nous ne nommerons pas mais que nos lecteurs reconnaîtraient inmanquablement à sa chemise blanche généreusement dépoitraillée sous une mine de chat qui a bu du vinaigre, comme on le disait de Robespierre.

Le second intérêt est de ramener la nullité occidentale - de ceux que l'islam par dérision appelle "les chrétiens" puisque précisément ils ont quasiment éliminés ces derniers - à sa juste valeur. Même pas nulle. Vaine. Vivant l'avenir comme un souvenir d'autrefois. Les colonies. Avec - et nous apprécions la comparaison - l'évocation de leur "paradis mité capitalo-parlementaire". Tiens, çà rappelle les fascistes du 6 février 36. Bon, passons sur le passé.

Monsieur Badiou trouve glorieuse la "révolution" tunisienne. Elle n'a apporté qu'une chose : débarrasser le paysage politique français d'un ministre pour lequel la courtoisie reste de rigueur. De rigueur vous dis-je. C'est quand même peu pour une "révolution", Monsieur Badiou, fut-elle "glorieuse".


Dans le New York Times, Cooper et Slanger (Target in Libya Is Clear; Intent Is Not) y vont de leur couplet pour nous expliquer que les USA ont un objectif en Libye. Et pas d'intention, ce qui leur fait craindre une absence de moyens et donc l'assurance d'obtenir un échec.

On pense que Cooper et Slanger auraient gagné du temps en constatant simplement que les résolutions du Conseil de Sécurité ne devraient pas transformer les USA en simples gendarmes de l'ONU. Ils sont d'ailleurs obligés, comme les Romains du Bas-Empire, d'embaucher des "barbares" pour faire le travail. Les "résolutions" du droit international onusien ne sont pas des lois et le droit international est fait pour être imposé aux vaincus, pas aux vainqueurs.


Dans le Time du 20 mars, Massimo Calabresi nous entraîne dans les bureaux des soupentes de la Maison Blanche en pleine "guerre" de Libye. Calabresi se vante d'avoir préché la croisade contre la Linye trois semaines plus tôt. C'est bien, Monsieur Calabresi.

Mais, au fait, pourquoi Monsieur Calabresi veut-il envahir la Libye ?

"Mais, enfin", me rétorque Mademoiselle Cunégonde, "vous êtes le seul à ignorer les effroyables violations des droits de l'homme auquel le sanguinaire colonel Khadafi se livre." Je voulais rétorquer à Monsieur Calabresi que je ne les ignorais pas, mais que je croyais vraiment que tout le monde était d'accord avec ce brave colonel d'opérette. Que Sa Républicaine Majesté, Sarkozy Premier, le recevait en grande pompe sur les Champs-Elysées il n'y a pas trois ans. Que le Béni Président des USA voyait avec plaisir insulter tout le monde à la tribune de l'ONU il y a moins de deux ans.

Si Sarko Premier a BHL, Obama aurait une certaine célébrité américaine, fille "spirituelle" de la réputée Madeleine Albright à qui l'Europe doit sa première république islamiste et professeur à Harvard, Samantha Power qui évangélise le monde entier sur le droit humanitaire à assassiner les musulmans pour faire régner les droits de l'homme. Si au lieu de musulmans, ce sont des chrétiens, la dame ne fait qu'approuver. Et les musulmans ne sont ni faibles, ni fous. Déduisez ...

Calabresi ou Power, c'est le degré zéro de la pensée et la toxicité maximale de l'idéologie qui nous a déjà valu des millions de morts.


Jean-Claude Rufin est cet écrivain "humanitaire" que Sarkozy Premier, dans sa superbe majesté, avait nommé ambassadeur. Las, il fallut très vite limoger le précieux de plume. La perte cruelle qu'éprouvaient les Lettres françaises a contraint notre sage Majesté Républicaine à rendre cet esthète à sa plume, perdu qu'il était dans les méandres de la diplomatie sarkozienne. Bizarre diplomatie qui transforme les ministres des Affaires étrangères en promoteur immobilier ou en adjudant-chef de la Légion Etrangère et les ministres de la Défense en chefs de troupe scout.

Rufin est entièrement acquis à la thèse de la guerre juste parce qu'elle mobilise les spécifiques "humanitarisme" et "droits de l'homme". Mais, le cas de la Libye lui pose quelques soucis.

D'abord, fort justement, Rufin trouve que l'engrenage est fatal. Déjà, on est au-delà de la seule "interdiction de l'espace aérien et de la protection des populations civiles" que porte la résolution de l'ONU. Et il faudra à un moment ou un autre intervenir militairement.

Ensuite, le vieux droit d'ingérence est ici problématique et le renommer sous le vocable de"responsabilité de protéger les populations civiles" ne résoud rien. Et Rufin trouve que la mort de soldats français, c'est un peu cher payer les larmes du crocodile de l'Elysée. Il n'a pas tort.


Les Etats-Unis, qui n'ont pas voulu laisser la France intervenir seule en Libye, ont lancé des forces importantes contre les troupes du colonel Khadafi. Puis, ils ont passé le relais à l'OTAN. Mais leur intervention a soulevé de nombreuses réactions. Parmi celles-ci, on peut relever un article de J. Wallis, In Libya, not a just war; just another war, dans le Washington Post du 25 mars 20011. Wallis note que les intérêts des Etats-Unis se limitent à deux objets : assurer l'approvisionnement en pétrole et s'assurer d'alliés contre le terrorisme.

Or, l'intervention américaine aurait pour objectif la défense des populations civiles mises en danger par la réaction des troupes de Khadafi. C'est très maigre comme objectif et ne correspond en rien aux intérêts des Etats-Unis. L'idéologie farceuse qui règne en France empêche beaucoup de comprendre ce langage. Mais, pour trivial qu'il soit, il est loin d'être dénué de raison. D'ailleurs, les Etats-Unis se sont réellement désengagés du conflit.


Herb Silverman écrit America at war in a third Muslim country, dans le Washington Post du 23 mars 2011. Silverman se demande si la Libye vaut la peine que des américains meurent. Il note cependant que la France qui s'était opposée à l'intervention américaine en Irak est le moteur de l'intervention en Libye. Silverman ne sait pas si l'intervention en Libye est une guerre juste. Mais il ne veut pas que les Etats-Unis s'engagent dans une guerre sainte.


Note : Il faut se souvenir que la Libye est une république démocratique et islamique à direction socialiste. On se reportera à sa Constitution de 1969 dans laquelle on peut lire :

Article premier. La Libye est une république arabe, démocratique et libre, dans laquelle la souveraineté appartient au peuple. ...
Article 2. L'islam est la religion de l'État et l'arabe sa langue officielle. L'Etat protège la liberté de religion conformément aux coutumes établies.
Article 3. La solidarité sociale constitue le fondement de l'unité nationale. La famille, fondée sur la religion, la morale et le patriotisme, est le fondement de la société.
...
Article 6. L'objectif de l'État est la réalisation du socialisme par l'application de la justice sociale qui interdit toute forme d'exploitation.


Le débat sur l'islam et la république

Je vous rassure : il n'y a jamais eu de débat sur "l'islam et la république", de nombreuses républiques étant déjà islamistes, les autres ayant vocation à le devenir à brève échéance. Il s'agit d'un débat sur "la place DES religions dans la république", si on est audacieux, et plus raisonablement, "sur l'interdiction de discuter le principe de laïcité dans la République" ...

Par son éditorial du 4 mars 2011 intitulé "Islam et jeu de dupes", Frank Nouchi dans Le Monde développe l'idée que le débat sur l'islam a été occulté par peur du mot seul d'"islam". Ce n'est pas faux. Mais, rapportant les pensées de ce que la pensée compte de penseurs autorisés, Frank Nouchi voit un seul principe supérieur à celui de religion : c'est celui de laïcité. Une religion dans la république ne pouvant qu'être laïque, il nous laisse le pénible sentiment qu'il n'existe qu'une seule religion : la laïcité portée par la République.

Or, çà ne marche pas comme çà. Pourquoi ? Si vous posez la question sans connaître la réponse, vous verrez bientôt et bien assez tôt.


Dans une Libre Opinion parue dans Le Monde du 8 mars 2011, Fatma Mili, dont je serais fâché que vous la crussiez musulmane puisqu'elle revendique sa laïcité, nous explique qu'il faut réformer la religion musulmane pour qu'elle soit laïque. Mais l'islam est déjà une laïcité. Pas de clergé. Pas de temple, mais des mosquées qui sont des maisons du peuple.

Selon toutes vraisemblances, Fatma Mili confond Martin Luther King avec Martin Luther. Ce n'est pas bien grave. Mais quand elle dit oui à la laïcité, Fatma Mili écrit : "mais il ne faut pas tomber dans l'amalgame et renier notre identité culturelle et religieuse. ... Réformer l'islam est une composante importante de cette révolution : définissons notre identité, notre gouvernement et notre religion.". On notera que le "nous" désigne les musulmans de France et qu'ils définissent eux-mêmes leur identité et leur gouvernement. Et celà n'inquiète pas les athées ? Vous pouvez lire ici le double sens de la laïcité que les musulmans de la voie médiane, qui plait tant à nos bourgeois, appliquent comme stratégie gagnante, puisque tout le monde refuse d'affronter l'islam au prétexte "d'imposer la laïcité républicaine", oubliant que la République est aussi islamique.


Faisant un pas plus loin dans la compromission et le collaboration avec l'occupation islamiste l'un des deux ou trois "think tank" socialistes, se signale par une étude qui préconise, nous a t'il semblé, une sorte de retour au statut des musulmans dans l'Algérie colonisée. C'est sûrement plus compliqué que celà, mais TERRA NOVA et ses deux auteurs ont le mérite de proposer une citoyenneté islamiste en République Française. Je note qu'il n'a jamais été envisagé d'offrir une telle exception à l'égalité république aux bénéfices des catholiques dont les uns n'ont rien de plus pressant que d'êtres de "bons patriotes anti-catholiques" - c'est eux qui y font penser - et les autres considèrent qu'"ils ne sont pas de ce monde" - c'est eux qui le disent.

On peut penser que la spécificité laïque de l'islam conduira inéluctablement à une seule citoyenneté dans la République française, et cette citoyenneté sera évidemment islamiste. TERRA NOVA fait seulement l'erreur de croire que ce sont les "chrétiens" qui vont l'accorder dans le "grandeur d'âme". Les musulmans la prendront eux-mêmes cette "citoyenneté islamiste".

Ce que TERRA NOVA ne voit pas, c'est que une citoyenneté exige un gouvernement, un Etat et donc qu'une citoyenneté islamiste exige un Etat islamiste. Tant pis pour eux.


Dans son blog dans Le Figaro du 11 mars 2011, Yves Thréard s'élève contre l'idée d'une citoyenneté musulmane en France. Une étude du think tank socialiste TERRA NOVA ressortait le vieux statut des musulmans d'Algérie et propose de l'adapter dans la métropole.

Selon Thréard, TERRA NOVA milite en faveur de l'institutionalisation en France d'une forme avancée de "multiculturalisme" dans laquelle Thréard veut voir la voie d'accès au communautarisme. Mais Thréard affirme qu'il ne peut y avoir qu'une seule citoyenneté en république. Nous ne sommes pas contre son idée qui rejoint notre remarque selon laquelle la citoyenneté musulmane exige une république islamique.

Mais nous voyons bien que de nombreux affidés de gauche sont en fait des partisans d'une république islamique en France ou même en Europe. Et Sarkozy et la mouvance gaulliste depuis cinquante ans les aura bien aidé.


Le catholicisme en débat et les autres religions

Monsieur le Philosophe de Normandie écrit au rythme d'une Tribune par mois dans le quotidien de la pensée unique. Cela devient monotone. Mais là, le titre de son article du 6 mars 2011 ("Obscurantisme laïque, Lumières chrétiennes") en a sidéré plus d'un. Après avoir "assassiné" Freud et tant d'autres, Onfray louange hautement le christianisme contre la laïcité !

C'est une réaction du Pr Frydman à une condamnation de Mgr Vingt-Trois qui fait réagir Onfray :

Frydman 2011 renvoie les adversaires du bébé médicament du côté de l'obscurantisme religieux parce que Christine Boutin et Mgr Vingt-Trois sont contre. Dans un même mouvement, il revendique la laïcité. Mais l'obscurantisme laïque existe aussi, tout autant que, parfois, un christianisme éclairé. L'athée laïque que je suis, mais qui aime par-dessus tout les Lumières, ne choisit pas le camp de la laïcité quand elle est obscurantiste, mais celui des Lumières, fussent-elles chrétiennes.
C'est bien "balancé", mais ce n'est pas net. Ce n'est même surtout pas honnête.

Madame Fourest, militante féministe athée et communautariste, se bat contre toutes les religions qui sont des oppressions des minorités sexuelles. Comme Madame Fourest a une pensée fort distinguée, elle sait parfois mettre ses combats en veilleuse, ou en toile de fond. Ici, elle nous gratifie d'un exemple d'une prose qui semble donner une volée de bois vert au fondamentalisme islamiste - qui ressemble chez elle surtout à l'intégrisme catholique ... Or, à l'arrivée, c'est pour louer le caractère républicain de l'islam ...

Dans son opinion, parue dans Le Monde du 11 mars 2011; intitulé "Un débat sur l'islam saturé", Fourest défend une ligne républicaine traditionnelle et conservatrice fondée sur un laïcisme qui ressemble à de l'athéisme anti-chrétien. Ecartant l'une des grandes "peurs" des républicains, celle du financement étranger de l'islam, et qui les pousse à accepter de financer des mosquées, Fourest demande :

Allons-nous interdire au Vatican (un Etat étranger) de financer des églises traditionalistes qui prient en latin ?
De qui Madame Fourest se moque t'elle ? Des musulmans ? Elle n'oserait pas ! Alors de qui ? Des chrétiens ? "Comme c'est bizarre !" chantait Fernandel.

Fourest sans aucune preuve matérielle sous-estime l'importance de l'islam. Ainsi quand l'Etat avouerait selon elle 5 millions de musulmans (les américains d'extrême-gauche, acquis à l'Islam, comptaient en 2003 plus de sept millions de musulmans), elle en affirme 3,8 millions, pas un de lus. Et 2600 mosquées. Et confondant les musulmans de 2011 avec les catholiques de 1964, elle en admet seulement 10% de "pratiquants".

Bien entendu, Madame Fourest est un esprit tellement distingué qu'elle ne condescend pas à citer ses sources. Et vous pensez bien que nul n'aurait l'impertinence de discuter les chiffres que, dans son immense sagesse, elle dispense ici. Or, "pratiquant" n'a strictement aucun sens en islam. On est musulman ou pas, soumis ou pas, Il n'existe aucune pratique au sens chrétien du terme.

Seulement, la posture de Madame Fourest est en fait un puissant soutien de l'avancée masquée de l'islam en France. Au nom de la laïcité comme le clame l'UOIF.


Sur le site de la Grande Mosquée de Paris, le Recteur Boubakeur signe un communiqué moqueur sur les tremblements de la Sarkozie devant l'Islam. Alors que leur inculture a fait perdre la mémoire aux catholiques, il rapelle opportunément le gallicanisme promu pour Louis XIV par Bossuet et se demande dans un éclat de rire intérieur, si Sarkozy se prend pour Bossuet ou pour Louis XIV !...

On ne peut pas mieux condamner la formule creuse et vide de "islam de France". Déjà que celle "d'église de France" est aussi vide de fidèles que nulle de religion, l'islam ne peut envisager qu'un émirat de France islamiste. On ne peut qu'approuver Monsieur le Recteur Boubakeur.

Une dernière remarque qui n'a rien à voir avec l'islam: le gallicanisme existe toujours. Mais il a bien changé depuis Louis XIV et ce pauvre homme que fut Bossuet. Vous le voyez illustré à chaque fois que vous voyez un individu pâmé de plaisir quand il "témoigne de sa foi" dans les médias quil le désigne comme "curé de ..." ou "évêque de ...". Spectacle écoeurant et lamentable, déjà vu en 1793 avec les Gobel, Minée et autres Lindet.


Dans le même ordre d'idées, Monseigneur Simon a publié un article intitulé Eglise de France ou Eglise en France sur le site de la Conférence des évêques de France. Mgr Simon rejoint la position du Recteur Boubakeur :

C'est se tromper de siècle que de rêver d'organiser les « cultes » comme Louis XIV ou Napoléon.
Mgr Simon dit plein de choses sensées dans son article. C'est remarquable.


Dans une brève parue dans Catholic News du 21 mars 2011, on apprend qu'une conférence a été tenue au cours de laquelle le Conférencier, le poète Dan Gioia, a soutenu l'idée que le catholicisme avait disparu de l'art. Il n'existe plus d'artistes catholiques.

Gioia tient cette disparition pour paradoxale. Il note que la dernière bigoterie admise est l'anti-catholicisme. Il n'y a en effet pas grand chose à dire de plus. Les faits parlent d'eux-mêmes contre les autorités ecclésiastiques qui, dans le monde entier et depuis les cinquante dernières années, se sont évertuées, au nom de l'"ouverture au monde", à empêcher l'expression des artistes catholiques pour laisser la place libre aux pires élucubrations anti-chrétiennes jusque dans les cathédrales.


A la suite d'une étude récente, la presse anglo-saxonne s'est fait les gorges chaudes de la probable disparition de toute religion dans le monde occidental à court terme. Qu'en est-il ?

Sur le site BBC News, le journaliste John McManus cite un sondage réalisé en Grande-Bretagne pour le compte de l'association athée British Humanist Association. Il ressort que 61 % des britanniques se considèrent comme sans religion alors que 67% des sondés admettent qu'ils ont eu une religion. Parmi les sondés qui se déclaraient de religion chrétienne, seuls 47 % croient que Jésus est Dieu, 27% sont sûrs que c'est faux et 25% ne sont pas sûrs.

La situation en France est proche. Près des deux tiers des Français continuent à se considérer comme catholiques, mais seuls 4,5% d'entre eux disent fréquenter une église tous les dimanches, contre 27% en 1952, selon un sondage Ifop de décembre 2010. Dans un sondage de la même époque, par l'institut CSA pour la revue catholique La Vie, 63% des catholiques sondés répondaient que Jésus n'est pas Dieu, mais un homme.

Dans un article intitulé "Canadians losing faith as religion faces extinction", publié le 23 mars 2011;, Frank Appelyard rapporte une étude de The American Physical Society, autre organisation le l'athérisme militant anglo-saxon. Létude a été menée dans neuf pays dont le Canada et montre que sur le long terme une tendance majoritaire se dégagera d'une majorité de gens ne revendiquant aucune appartenance religieuse. Un chercheur canadien note que parmi les jeunes actuels, peu indiquent publiquement leur appartenance religieuse. On peut en déduire l'emprise de l'idéologie qui refoule dans la "sphère privée", la question religieuse. Ou qu'il existe une sous-estimation des gens ayant une appartenance religieuses.

Palmer qui parle de la même étude dans Religion may become extinct in nine nations, study says sur le site de la BBC, souligne que la religion pourrait s'éteindre dans 9 nations de l'étude.

Ce qui est certain, c'est que le catholicisme qui était un mouvement religieux extrêmement important il y a cinquante ans dans le paysage social, a totalement disparu de ce paysage social pour ne plus contribuer au point de vue public que par des manifestations de masse, simplement "folkloriques", comme les JMJ, ou par des scandales comme ceux des prêtres pédophiles. Il est évident qu'en limitant la connaissance du public à ces deux aspects du catholicisme, les gens auront de moins en moins tendance à se dire catholiques et, s'ils le sont, à avouer cette "affiliation douteuse".

Il serait urgent que les cadres de l'Eglise catholique fassent leur deuil de la décomposition issue du Concile Vatican II et reconstruisent enfin autre chose. Pour ceux qui s'imaginent que c'est aux fidèles de faire cette reconstruction, je répondrai qu'il ne faut pas méconnaître les principes radicaux du christanisme et que, sans le cadre ecclésiastique, il n'y a pas de catholicisme possible. Eussè-je seul raison ...


Dans un article d'un blog du Washington Post, intitulé Pakistan’s religion problem Asma Uddin, une avocate qui travaille dans une ONG, The Becket Fund for Religious Liberty, liée à l'épiscopat catholique américain, illustre le combat pour l'expression libre de toutes les religions dans la sphère publique.

Il y aurait beaucoup à dire au sujet des actions de cette ONG, mais le texte de Asma Uddin présente l'intérêt de rappeler qu'au Pakistan un catholique et un musulman ont été assassiné pour avoir défendu la liberté d'expression publique des religions non musulmanes dans un régime islamiste. Cette liberté est fortement par les lois contre le blasphème qui assimilent à un blasphème toute maifestation publique d'une religion non musulmane.

Il y a bien de l'irrénisme dans cette position. Mais on soulignera qu'en effet, les religions ont une vocation à s'exprimer librement, à la fois par leurs organes d'encadrement religieux, et par leurs membres, dans la sphère publique, sur tous les sujets, n'en déplaisent aux tenant de la "laïcité à la française", dont nous savons qu'ils veulent interdire l'expression religieuse dans la sphère publique, instituant ainsi une quasi-loi sur le "blasphème" contre l'athéisme. La laïcité à la française est donc bien une attitude innacceptable.


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