Référendum et absence de valeurs chrétiennes
Philippe Brindet
20 mai 2005, révisé le 26 août 2009


Dans une émission de radio tenue le 19 mai 2005, Valérie Pecqueresse, député des Yvelines et porte-parole de l'UMP, militant pour le Oui au référendum européiste, a fait l'aveu d'un républicanisme anticlérical le mieux certain.

o o o


Interrogée sur l'absence explicite de toute référence aux valeurs chrétiennes, la porte-parole trouve la situation normale parce que "la référence à des valeurs chrétiennes est du passé quand le projet de Constitution est tourné vers l'avenir".

On ne peut pas éconduire l'Eglise avec plus de jacobinisme.

Au contraire, Jean-Paul II et Benoit XVI, mais aussi le clergé français à sa mesure, agissent dans le monde laïque et sécularisé pour lui apporter les éléments cultuel et culturel dont l'Europe bénéficie depuis près de deux mille ans.

Et parmi tous les peuples, les peuples européens sont clairement conscients du caractère positif de ces apports de l'Eglise. Le meilleur référendum sur l'appréciation positive de l'apport des valeurs chrétiennes, non seulement dans le passé, mais aussi dans le présent et l'avenir, se trouve dans la ferveur manifestée par les foules que l'on a pu constater à l'époque du décès de Sa Sainteté. Et il ne s'agissait pas d'une simple réaction médiatique car cette ferveur se manifeste aussi dans d'autres circonstances comme les JMJ ou les nombreux pélerinages dans toute l'Europe.

Cette adhésion des simples gens dans toute l'Europe proclame un Oui enthousiaste des peuples européens aux racines chrétiennes et à l'avenir chrétien de l'Europe. Il doit se résoudre sur un Non massif au Référendum du 29 mai [1].

o o o


Mais la porte-parole européiste de l'UMP a poursuivi un pas plus loin dans le discours anticlérical en déclarant, juste après son assassinat dérisoire du christianisme, que le texte de la Constitution européenne, "c'était l'évangile de Matthieu sans le Christ". On croit vivre un cauchemar en entendant de telles déclarations. Elles nous ramènent aux heures les plus sombres de la Révolution française quand un clergé assermenté trahissait l'Eglise en servant un évangile sans Dieu.

Madame le Député Pecqueresse va assurément devenir une valeur sûre de la République après un tel serment d'allégeance à l'antichristianisme le plus républicain [2].

Pourquoi référer à Matthieu ?

Tout d'abord, cette référence pourrait indiquer une certaine culture religieuse qui peut faire même supposer que, dans notre société encore majoritairement baptisée, Madame Pequeresse serait elle-même chrétienne [3]. Mais alors, elle serait dévôte de l'abbé Grégoire.

Ensuite, les laïcs les mieux renseignés fondent ou appuyent leur laïcisme sur une citation spécieuse d'une parole du Christ : "Rendez à César ce qui est César et à Dieu ce qui est Dieu". Et cette citation est réputée se trouver dans l'évangile selon Saint Matthieu. Il est donc possible que certains laïcs pensent motiver l'évacuation de la référence aux valeurs chrétiennes dans le texte du projet de Constitution européenne en se servant de la fameuse citation du Christ.

Mais, Madame Pecqueresse a bien précisé que les valeurs de l'Europe défendues dans le projet de Constitution se fondaient sur cet "évangile de Mathieu" comme le droit à la vie, la protection des minorités, la liberté religieuse et autres.

C'est donc à une Europe d'un "évangile" sans Dieu et sans l'Eglise que Madame Pecqueresse fait clairement référence. C'était déjà le mouvement de 1789 dans la Constitution civile du Clergé, puis peu après dans celui de 93 avec le culte robespierriste et encore après la ridicule théophilanthropie.

Les chrétiens seraient bien inspirés de dire Non à cette Europe-là qui amènera l'opression, la guerre et la misère.

o o o


Notes

[1] Révision du 26 août 2009 : Les résultats du référendum français sur la constitution européenne, qui a eu lieu le dimanche 29 mai 2005 n'ont pas été aussi massifs que l'auteur l'eût souhaité. La question posée était : « Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe ? ». Le NON l'a emporté par une courte majorité de 54,6 % avec un taux de participation de 70 %.retour au texte

[2] Révision du 26 août 2009 : L'auteur de l'article est assez "fier" d'avoir identifié ainsi la carrière future de la citoyenne Péqueresse. Devenue favorite du monarque démocrate, elle a les honneurs d'une célèbre encyclopédie en ligne dans l'article de laquelle on trouve :
"Le 18 mai 2007, Valérie Pécresse est nommée ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche dans le gouvernement Fillon 1.

Elle conserve son poste dans le deuxième gouvernement Fillon (19 juin 2007).
" retour au texte
[3] Révision du 26 août 2009 : Dans un article qui était accessible à l'adresse, la citoyenne Pécresse déclarait le 19 novembre 2004 « Je suis catholique pratiquante. Mon catholicisme est sûrement à la racine de mon engagement politique. » retour au texte